Arthur et Francine ont deux enfants, Maggie et Ethan, et tous les quatre vivent aux États-Unis, à St Louis. Arthur est un universitaire non-titulaire, ancien ingénieur, et Francine est psy. Le livre commence alors que les deux enfants sont des adolescents puis nous voilà transportés dans le futur, dans la vie d’une Maggie de vingt et quelques années et dans celle d’Ethan. Tous deux ont été traumatisés par la mort de leur mère idolâtrée, plusieurs mois plus tôt, et le sont toujours, chacun faisant son deuil à sa manière. Puis les chapitres se suivent et permettent d’entrer plus en profondeur dans l’histoire de cette famille, dans ses travers et ses anecdotes. En effet, Andrew Ridker construit ici son roman d’une manière intelligente en croisant la jeunesse de tous ses héros, faisant de nombreux parallèles entre leur histoire individuelle et celle des Alter en général. Tous ont en commun un certain altruisme – d’où le titre, mais les ressemblances entre les membres de la famille ne vont pas vraiment plus loin. Par moment, cette volonté de dédier un chapitre à une époque, et à l’un des quatre personnages principaux, interagissant avec les autres (qui n’ont pas nécessairement le même âge que quand ils sont apparus dans les pages précédentes), égare un peu. Malgré tout, c’est là la force et l’intérêt de ce roman, c’est grâce à cela que le récit a de l’épaisseur, et qu’il prend tout son sens. Parce qu’au fond, c’est bien l’histoire de ce ménage qu’Andrew Ridker raconte, ni plus ni moins. Cette construction lui permet ainsi de faire diverger les points de vue pour donner de l’objectivité à son récit et permettre au lecteur d’être à l’extérieur de l’œuvre tout en étant totalement absorbé par les péripéties quotidiennes des Alter. Le discours indirect est largement utilisé, rendant compte des pensées du héros du chapitre en cours, ce qui nous les rend plus proches. Ils sont ainsi plus attachants encore, plus touchants et plus humains.
La plume est alerte, le style, purement américain, nous interpelle et le rythme, un peu haché, nous séduit. Cela suffit pour que nous nous attachions aux bizarreries des héros, à leurs manies et à leur charme, et à ce qui leur arrive, même si, au fond, il ne se passe pas beaucoup de choses. C’est d’ailleurs là le piquant des Altruistes, les personnages vivent leur vie, chacun ne faisant que se douter de la vie de son frère, de son père, de son amant, jusqu’à ce qu’ils soient confrontés les uns aux autres. En cela, ce roman n’est pas sans rappeler Une bobine de fil bleu, mais en moins original, et en plus décousu aussi. Andrew Ridker se situe donc à mi-chemin entre une Anne Tyler qui excelle à raconter les riens du quotidien, le vide de la routine, et un Jonathan Franzen, maître du suspense et du rythme. Un premier roman bien prometteur !
Pour en savoir un peu plus sur ce que je qualifie de « style purement américain », je vous laisse découvrir cet article, très bien fait.
Ce qu’en disent les Éditions Rivages ici.
Ils en parlent aussi : Folavril, Les libraires masqués du grenier, La globe liseuse, Diacritik, Les quotidiennes de Val, La bibliothèque de Céline, Folittéraires, Garoupe, La livropathe
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Et bien je suis contente de voir un avis opposé au mien et j’ai compris pourquoi je n’ai pas aimé. C’est tout simplement le style américain, trop lourd pour moi
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Il enchante ou il déplait, ça dépend des goûts 😉 ravie que tu aies compris pourquoi tu n’as pas aimé tout cas !
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C’est pour ça que j’aime bien les avis divergents c’est toujours intéressant
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Je n’avais pas encore lu ta chronique 🙂 tu condamnes moins que moi mais j’aime beaucoup les mots que tu as choisi pour en parler. Belle chronique !
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C’est gentil, merci ! Oui, j’ai trouvé ça un peu moins long et laborieux que toi :p
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