La neige noire de Mourmansk (Oublier Klara, Isabelle Autissier)

Isabelle Autissier renoue avec son sujet de prédilection et raconte une nouvelle fois l’homme confronté à la nature dans un roman superbe, maîtrisé à la perfection. Les relations humaines sont également au cœur d’Oublier Klara, évoquées toute en finesse et avec beaucoup de justesse.

Iouri est Américain. Russe d’origine, il revient dans son pays après avoir été contacté par un ami de son père : celui-ci est aux portes de la mort et requiert la présence de son fils à ses côtés. Rubin n’a pourtant jamais montré le moindre attachement à celui qu’il considérait comme un avorton, trop frêle et indigne de lui. S’il le demande, c’est pour effacer le mystère qui a toujours plané sur la disparition de Klara, sa mère, grand-mère de Iouri. Pourquoi a-t-elle fini au goulag ? Qu’a-t-elle fait qui ait pu ruiner à ce point l’enfance de Rubin et changer le destin d’une famille sur trois générations ? L’auteure nous emporte dans l’URSS d’avant la mort de Staline, d’avant 1953 et nous balade ensuite d’une décennie à l’autre pour nous faire comprendre la vie du fils, celle du père et celle de la grand-mère. Les souvenirs d’enfance des deux hommes sont au cœur de ces pages et les éléments apparaissent au lecteur peu à peu, la lumière se faisant au fil des différentes parties évoquant chacune l’un des trois protagonistes. Le père est pêcheur, il a donc déjà connu le pire que la mer puisse faire vivre, mais aussi le meilleur. Le fils, lui, est ornithologue et dédie de longues heures à l’observation des oiseaux dès sa préadolescence. La grand-mère aura eu, elle aussi, à vivre au plus près de la nature, confrontée aux intempéries, au froid et à la tempête, à la neige et à la peur.

Isabelle Autissier, directrice de WWF France et elle-même navigatrice, a un véritable don pour écrire sur les vagues, décrire le vol des oiseaux, raconter le vent et la violence, le gel pétrifiant, les plaines enneigées et désertes – ou presque. Elle parvient aussi ici à exprimer mieux que personne les attitudes de ceux qui vivent dans un environnement peu amène, qu’il s’agisse d’un pays sous un régime politique hostile ou d’une nature sauvage et effrayante. L’auteure livre ici un roman, à mon sens, plus abouti que Soudain, seuls qui lui avait valu d’être sélectionnée par l’Académie Goncourt. L’Histoire a ici une place prédominante, tout comme les relations familiales, l’enfance et les aléas du grand froid.

Voici ce qu’en disent les Éditions Stocks

Ils en parlent aussi : Lire dit-elle, Les chroniques culturelles, Les libraires masqués du grenier, Books’n pics, Lire et écrire en Presqu’île, Bibliobad

4 réflexions sur “La neige noire de Mourmansk (Oublier Klara, Isabelle Autissier)

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