Une bobine de fil bleu est un plaisir de lecture. Ce roman retrace le parcours des Whitshank, famille modeste de Baltimore – un couple, quatre enfants. Des flashbacks viennent raconter la rencontre des parents du père, entrecoupant le présent des protagonistes. L’ensemble forme ainsi un récit plein de tendresse, lourd de secrets familiaux. Les Whitshank forment une famille comme les autres somme toute, comme le souligne la quatrième de couverture, et pourtant, ils se croyaient extraordinaires, comme toute famille : quelle famille ne raconte pas inlassablement à chaque repas des anecdotes sacrées ? Quelle famille ne bâtit pas une image irréprochable pour dissimuler des failles ? Quelle famille n’a pas de secrets enfouis ? Et enfin, quelle famille ne se croit pas différente des autres ?
Une bobine de fil bleu retrace l’histoire de chacun tout en étant une histoire unique, qui se déroule comme une bobine. En réalité, le fil du récit, le fil des destins de trois générations, s’enroule autour d’une bobine, autour de cette maison de Bouton Road, maison à l’origine de tout et aussi à l’origine de la fin.
Anne Tyler joue avec la chronologie, jalonne le roman d’analepses pour mieux faire comprendre cette famille tout à la fois incroyable et si banale. L’Histoire américaine apparaît en filigrane, filigrane qui se fait plus net à certains moments de la vie des uns et des autres. La Grande Dépression a ainsi une incidence considérable sur le quotidien, et même sur le destin, des parents du père Whitshank et la dureté de la vie d’alors devient perceptible. Les personnages sont touchants, plein de défauts, et ils naissent facilement dans l’esprit du lecteur, presque tangibles tant ils semblent vrais.
Anne Tyler a réussi à dresser le portrait d’une famille, portrait qui sonne juste grâce aux imperfections de chacun, au ressentiment parfois caché. Personne n’est parfait chez les Whitshank, à aucune génération, et cela crée une famille parfaitement imparfaite.
Ils en parlent aussi : Charlotte Parlotte, La colline aux livres, La libraire aux pieds nus, Le notebook de Gwen, Anita et son bookclub
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C’est vrai que ce roman pourrait aussi me plaire, même peut-être plus que La danse du temps. Le thème que tu décris, la famille, m’a immédiatement touché et ramené en enfance (je ne sais pas trop pourquoi). Merci pour le conseil et la découverte ! 😀
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C’est un thème fréquent dans la littérature américaine contemporaine, qui me tient particulièrement à cœur 😉 n’hésite pas à t’abonner !😁
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