Nouveau départ, Elizabeth Jane Howard

Ce quatrième tome de la saga des Cazalet démarre doucement, à travers les yeux des trois frères qui bientôt laisseront place aux épouses, aux filles, et aux autres, une focalisation après l’autre comme l’auteure aime à le faire.

Ainsi, peu à peu, les histoires se remettent en place, chaque personnage impose sa présence sans outrepasser son rôle, les relations familiales se déployant une fois encore dans toute leur complexité alors que les Cazalet prennent chacun un nouveau départ, loin de Home Place, cocon rassurant bruissant des cris des enfants aujourd’hui adultes. Londres est désormais le théâtre de leur vie, de rencontres inattendues et de séparations qui couvaient depuis de longs mois, relatés dans Confusion. L’existence des héros et leur esprit sont en cela semblables à la capitale ravagée par le Blitz, devant être reconstruits lentement, les stigmates de la guerre effacés avec les mois et les années passant. Moins centré sur les héroïnes et leurs atermoiements sentimentaux que le tome précédent, moins féministe donc, Nouveau départ n’en accorde pas moins une place de choix aux changements politiques et sociaux de l’après-guerre en Angleterre, déchirée entre travaillistes et conservateurs alors que l’indépendance de l’Inde fait grincer des dents et que l’instauration de la sécurité sociale n’est pas du goût de tous.

Si les Cazalet sont la raison d’être de cette saga qui porte leur nom, Archie a également un rôle primordial dans ce roman, pivot, centre de gravité autour duquel gravitent amis, amies et filleuls de cœur. Confident de toute la famille, il sert d’œil divin à Elizabeth Jane Howard qui peut ainsi, pour une fois, offrir une vue d’ensemble à ses lecteurs. Gardien des secrets de chacun, il doit aussi faire face à ses propres tourments, parvenant habilement à jongler avec toutes ces balles brûlantes, entre cachoteries, rumeurs, malheurs et sentiments encore vivants alors qu’ils ne devraient plus l’être. Polly et Clary apprennent l’amour et le désamour, tandis que la stabilité conjugale n’est plus de mise pour les ménages établis de longue date, maladie et adultère ayant relancé les dés. Les plus jeunes sont donc dépourvus de modèles maritaux, de couples parentaux à copier : ils doivent tracer leur propre route, davantage libérée des carcans que ne l’était celle des générations précédentes.

Elizabeth Jane Howard parvient donc dans ce quatrième opus à mêler intelligemment les destins, à bouleverser les existences des uns et des autres, tout en semant des graines de bonheur qui germeront un jour ou l’autre, même si les protagonistes n’en ont pas nécessairement conscience. Ses mots, simples, et ses descriptions si détaillées recréent cette Angleterre d’hier et animent ceux et celles qui font battre nos cœurs depuis Étés anglais, premier volet de cette saga familiale décidément toujours aussi délicieuse.

Un grand merci aux éditions de La Table Ronde qui en contribuant à enrichir aVoir aLire ont également contribué à enrichir Pamolico.

Elizabeth Jane Howard – Nouveau Départ
[Casting Off – traduit par Cécile Arnaud]
La Table Ronde
14 octobre 2021
623 pages
24 euros

Elles en parlent aussi : Aux bonheurs de Sophie. June and cie. Books, moods and more. Charlotte Parlotte. Mumu dans le bocage. Mot à mots. La viduité. Lettres d’Irlande et d’ailleurs

8 réflexions sur “Nouveau départ, Elizabeth Jane Howard

  1. Ping : Noël 2021 – livres en pagaille – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

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