Étés anglais, Elizabeth Jane Howard

Étés anglais ou le premier tome de la saga des Cazalet, enfin traduit dans la langue de Molière. Le quotidien d’une famille, d’une famille bigarrée, riche en personnalités diverses et en histoires personnelles et collectives. Elizabeth Jane Howard, à la manière de chroniques où s’entremêlent de nombreuses intrigues, raconte deux étés successifs, ceux des Cazalet. Cette fratrie est composée de trois frères et d’une sœur qui, désormais ont chacun bâti leur propre famille, à l’exception de Rachel. Tous les ans, ils se retrouvent à la campagne, chez leurs parents, le Brig et la Duche, pour les vacances d’été. Les cousins, adolescents et enfants, les beaux-frères et belles-sœurs, les grands-parents, toutes les générations cohabitent, échangent, se supportent. Les servantes, cuisinière et autres jardiniers, à la fois invisibles et partie prenante du quotidien à Home Place, évoluent dans l’ombre, même si l’auteure veille à leur donner du caractère et une vie propre, s’attachant à écouter leurs récriminations et leurs soucis, leurs interrogations financières et amoureuses, domestiques et existentielles. La force d’Elizabeth Jane Howard, qui s’inspire ici de sa propre histoire, réside en cela qu’elle parvient à donner une voix à chacun de ses personnages : elle les anime, à la manière de poupées de son à qui elle donnerait la vie. Les points de vue s’alternent et se succèdent, construisant un portrait de famille extrêmement complet et complexe qui se déploie peu à peu, de plus en plus riche, sous les yeux du lecteur.

1937 et 1938, la guerre gronde, les enfants jouent et promettent, les adolescents s’inquiètent, les hommes pensent à leurs affaires – économiques et sentimentales, les femmes couvent leur progéniture et ressassent leur passé ainsi que leur condition faible de deuxième sexe… À force d’aller-retour entre Londres et le Sussex, les membres de cette famille privilégiée deviennent comme des amis pour le lecteur, semblables aux figurines miniatures avec lesquelles nous nous amusions petits, à qui nous prêtions pensées et actions, désirs et lassitudes. Si certains passages sont longs, certaines phrases n’étant que de verbeuses énumérations, c’est parce que le premier tome de cette pentalogie, Été Anglais, se lit avec indolence (une indolence confirmée par le titre original, Light Years), exige une certaine lenteur de la part du lecteur pour que celui-ci soit mieux pénétré de l’atmosphère lourde, pesante, chaleureuse et glaciale tout à la fois, enjouée et grave, qui habite ce livre. Elizabeth Jane Howard s’attache à dépeindre les pensées intimes d’hommes et de femmes, indifféremment, parvenant avec une fine psychologie à saisir les contrariétés de chacun.

À la fois féministe, ironique (et on reconnaît bien là le charme de l’humour pince-sans-rire Austenien) et plein de justesse tant historique que sociale, Été anglais se savoure comme une première incursion plus que prometteuse dans la demeure des Cazalet… Et ce n’est ni le deuxième tome, À rude épreuve, ni le troisième opus, Confusion, qui nous détromperont.

Un grand merci aux éditions de La Table Ronde qui, en contribuant à enrichir le site d’aVoir-aLire, ont également contribué à enrichir Pamolico.

Ils en parlent aussi : Librairie L’Odyssée, Anita et son book club, Books, moods and more, Bib’bazar, Mes p’tits lus, Les libraires masqués du grenier, Histoires d’en lire, La viduité, Charlotte Parlotte, Lettres d’Irlande et d’ailleurs, Les voyages interieurs, Journal de mes lectures, Brèves littéraires, Dans le boudoir de Kate Middleton, FAR far away, Grammartical, Docteur Fatale ausculte l’imaginaire, Mumu dans le bocage, Des pages et des lettres, Belle page, Flo and books, Camus diffusion, Navigare necesse est, Aleslire, Maven literae, Mot à mots, Lettres exprès

Publicité

32 réflexions sur “Étés anglais, Elizabeth Jane Howard

  1. Ping : La fin d’une ère, Elizabeth Jane Howard – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

  2. Ping : Nouveau départ, Elizabeth Jane Howard – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

  3. Ping : 15 sorties poche de la rentrée littéraire 2021 – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

  4. Ping : Confusion, Elizabeth Jane Howard – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

  5. Ping : Noël 2020 – livres en pagaille – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

  6. Ping : À rude épreuve, Elizabeth Jane Howard – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

  7. Ping : À rude épreuve, Jane Elizabeth Howard – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

  8. Ping : Étés anglais, Elizabeth Jane Howard – Physique chimie science

  9. Ping : La brodeuse de Winchester, Tracy Chevalier – Pamolico

  10. Ping : Étés anglais, Elizabeth Jane Howard – Le Vélin et la Plume

      1. Oui, je comprends… c’est vrai que c’est rare que les tomes soient tous égaux. Mais j’imagine que si celle ci a eu tant de succès outre Manche il y a trente ans c’est qu’ils valent plus ou moins tous le détour 😉

        Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s