Ian McEwan (dont l’œuvre est à l’origine des adaptations cinématographiques My Lady et Sur la plage de Chesil) signe ici un roman d’une grande subtilité. Le style n’est pas renversant mais l’histoire a vraiment quelque chose, et la fin nous cueille d’une façon qui ne peut que nous séduire et nous souffler. La psychologie des personnages est travaillée, intéressante et permet de donner plus de profondeur encore au pitch en lui-même.
Selena est fille d’un pasteur, elle étudie les maths à Cambridge et son aventure avec un professeur, également agent du MI5, va tout changer. Il la briefe, l’entraîne en vue d’un futur entretien d’embauche. Il est son mentor, son guide vers les services secrets britanniques. Une fois qu’elle est admise dans ce département, en tant que simple secrétaire, elle va parvenir à tracer son chemin, tranquillement mais sûrement, jusqu’à intégrer l’opération Sweet Tooth. Le but ? Repérer des auteurs prometteurs et leur fournir un financement – sous couvert d’une fondation – pour que leurs travaux distillent une pensée antisoviétique. En effet, détail qui n’en est pas un, Ian McEwan situe son action dans les années 1970, alors que l’IRA sévit et que la guerre froide fait rage. C’est donc une partie de l’Histoire que, pour ma part, j’ignorais, qui sert de contexte. En effet, il semble logique que les services secrets anglais aient participé un tant soit peu à la lutte contre le communisme, mais je n’en avais jamais vraiment eu un quelconque aperçu. C’est la dimension soft power qui est détaillée dans ce roman mais cela ouvre tout de même nos horizons et nous apprend un certain nombre d’éléments.
Quelques bémols, bien sûr : ce qui m’a gênée le plus c’est sans doute la propension de l’auteur à digresser, notamment au sujet des nouvelles écrites par l’écrivain que Selena est chargée d’approcher. Nous avons droit à un résumé détaillé de ses œuvres qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’histoire en elle-même. Ce n’est qu’à la fin que l’on comprend mieux la présence de ces détails mais auparavant, ils nous semblent superflus et j’avoue avoir sauté plusieurs de ces passages.
Pour autant, je n’ai pas boudé mon plaisir en lisant ce roman mêlant espionnage et romance, littérature et Histoire. Rien de compliqué, mais un scénario recherché et fort plaisant.
Ce qu’en dit l’éditeur, ici 🙂