S’éloignant de son Chagrin des vivants qui se déroulait dans le Londres d’après la Premiere Guerre Mondiale, Anna Hope situe cette fois son roman au début du XXème, dans le Yorkshire et non plus dans la capitale. Là encore, le récit est bâti sur le destin de trois personnages chacun leur tour au cœur d’un chapitre. Ella, John et Charles. Les deux premiers sont internés à l’asile de Sharston tandis que le dernier y est docteur. Si Ella et John sont des patients et le troisième est supposé être plus sensé, c’est l’inverse qu’a choisi de mettre en scène l’auteure. Ella et John sont là presque par erreur, pour une fêlure passagère, pour avoir failli pendant quelques instants – situation sans doute fréquente à l’époque. Charles Fuller est là par hasard également, parce que tombé sur une annonce intéressante après avoir réussi à très peu de choses ses examens. Son personnage apparaît rapidement comme détestable, faible et plus instable à bien des égards que ceux des deux internés.
Ce sont les petites choses du quotidien de l’asile que raconte Anna Hope, la salle de bal des vendredis soir, la violence des infirmières, les travaux que doivent réaliser les patients – blanchisserie ou cuisine pour les femmes, labourage et creusage de tombes pour les hommes. Elle s’intéresse aussi aux relations humaines qui se créent dans ce microcosme, cette société miniature qui obéit à ses propres règles. Le livre est d’ailleurs un huis-clos. Amour et amitié sont au centre de ce roman qui est écrit tout en finesse malgré quelques scènes plus dures, décrivant l’incompétence et la violence du personnel.
Si les premières pages adoptent un rythme plutôt lent, celui de la vie à l’asile, le roman décolle ensuite, malgré cette indolence trompeuse. De nombreux articles authentiques sur l’eugénisme ont été glissés entre les pages, dans les chapitres qui adoptent le point de vue de Fuller, articles scientifiques pompeux mais glaçant. C’est une partie de l’Histoire qui est peu évoquée, loin d’être glorieuse ; d’ailleurs, Churchill serait peut-être moins bien considéré si cette période était mieux connue.
L’asile où se passe le roman est en réalité inspiré de celui de Menston, où l’arrière-arrière-grand-père d’Anna Hope a séjourné quelques temps – ce qui lui a donné envie d’écrire ce roman en sa mémoire.
Voici ce qu’en dit Gallimard 🙂
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Une très belle critique de ce livre extraordinaire.
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Merci beaucoup !
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Ping : Esprit es-tu là (Le bal des folles, Victoria Mas) – Pamolico : critiques, cinéma et littérature
Très belle critique de ce Magnifique livre. Bisous 🌻
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Merci et à bientôt ! 🌸
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Je l’avais chroniqué à sa sortie et tout comme toi j’ai beaucoup aimé. Anna Hope est une auteure que je suis avec attention depuis son premier et mémorable roman : « le chagrin des vivants ». Son style d’écriture me touche. 😊
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Ah, j’ai mal cherché les blogeurs qui l’avaient déjà chroniqué alors !
J’ai préféré Le chagrin des vivants mais c’est vrai qu’elle a un style bien à elle et un don pour décrire des situations et des moments de l’Histoire peu connus 😉
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Oui c’est vrai que pour moi aussi son meilleur livre reste son premier « Le chagrin des vivants » qui m’avais bouleversé à sa sortie 😊☀️
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Oui, vraiment bouleversant 😉
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Bonjour, je découvre ton blog par le biais du lien que tu as laissé sur à les lire ! J’aime beaucoup ton article et la lecture très fine que tu fais des « hasards » et le rapport entre les trois personnages. j’ai vu que tu es une très jeune blogueuse ( par rapport à moi !), alors je te souhaite bon courage dans cette entreprise passionnante mais aussi exigeante.
A bientôt !
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Merci pour ces jolis compliments, c’est gentil !
À bientôt 🙂
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