L’intelligentsia anglaise en question (L’invitation, Elizabeth Day)

Écrit d’une plume juste et acérée, L’invitation parvient à faire disparaître le monde pour mieux happer le lecteur et le plonger dans les pensées des héros, de Martin et de Lucy, alternativement narrateur à la première personne, d’un chapitre à l’autre. La construction du roman est originale et immerge totalement dans le quotidien – et le passé – des protagonistes, croisant extraits du journal de Lucy, souvenirs de jeunesse de Martin, interrogatoire de celui-ci au commissariat de Tipworth, et narration évoquant cette fameuse soirée. Cette manière de bâtir l’œuvre permet d’avoir une appréhension plus complète des personnages, de mieux les cerner puisque nous avons en main, à la fois leurs pensées, mais aussi l’opinion des autres héros sur eux. C’est d’ailleurs là que se trouve la qualité première de L’invitation : l’auteure parvient à donner une vision juste et objective de ses protagonistes, ce qui est rare. Eux, leurs actions et leur personnalité sont perçus de plusieurs côtés, ce qui donne à voir différentes facettes de ces hommes et de ces femmes, et confère du relief au roman et lui donne une plus-value non négligeable.

Le suspense est également à noter : ce qui s’est réellement passé n’est divulgué que par bribes diffuses et c’est une des raisons qui nous pousse à ne pas lâcher cette œuvre.

En voyant au-delà de l’histoire narrée ici, alors d’aucuns remarqueront que le livre représente en premier lieu une critique de l’intelligentsia anglaise, de ses manœuvres en tout genre et des relations hypocrites sur lesquelles elle est basée. Il dénonce la cruauté des clivages sociaux et la nonchalance des plus riches vis-à-vis de ce gouffre. Il évoque aussi l’adoration d’un homme pour un autre, qui va jusqu’à se nier lui-même, effacer sa personnalité, pour coller au plus près de celle de son modèle, de celui qu’il idolâtre depuis ses plus jeunes années. Alors il fait semblant, mais il n’existe que comme son ombre, comme sa Petite Ombre.

Pour en savoir plus sur l’auteure et ses œuvres, c’est ici.

3 réflexions sur “L’intelligentsia anglaise en question (L’invitation, Elizabeth Day)

  1. Ping : La pie voleuse, Elizabeth Day – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

  2. Ping : Le rouge n’est plus une couleur, Rosie Price – Pamolico, critiques romans et cinéma

  3. Ping : Un roman choral léger (Paradise City, Elizabeth Day) – Pamolico : critiques, cinéma et littérature

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