Construit en deux parties et basé sur un retournement de situation, une bascule de point de vue qui éclaire tout – stratagème qui n’est pas sans rappeler L’invitation, le roman précédant de l’autrice –, La pie voleuse plonge dans le quotidien d’un foyer anglais, foyer à trois composé de Marisa, de Kate et de Jake, un couple et sa locataire.
Elizabeth Day s’attache tout d’abord à dépeindre l’existence ordinaire, la routine de ses héros ainsi que leur vie émotionnelle parfois complexe. Pourtant, si la jeunesse de Marisa apparaît par flashs, l’adolescence et le passé des deux autres protagonistes ne sont qu’effleurés, ce qui ne contribue pas à leur conférer consistance et profondeur, à donner un véritable sens à leur quête. Ils sont abstraits de presque toute communication extérieure, à quelques exceptions près – n’oublions pas la présence étouffante du personnage peu crédible d’Annabelle, la mère de Jake. Ce que l’autrice met en avant et ce qu’il faut retenir de ce livre, bien davantage que le renversement médian, c’est le combat préludant à la grossesse. Elle évoque avec sensibilité l’infertilité et toutes ses conséquences, tant physiques que mentales, la lutte pour tomber enceinte envers et contre tout, les échecs, la souffrance, l’espoir, plus douloureux encore. Elle s’interroge également sur la maternité au sens large ainsi que sur la fidélité, le besoin de confiance au sein d’un couple, décortiquant la vie à deux puis à trois.
Flirtant avec le thriller domestique, La pie voleuse peine pourtant à décoller. Si le revirement lui donne une tout autre saveur, il est bâti sur une première partie trop improbable. Ceci dit, le problème majeur reste l’absence de twist une fois le pot aux roses révélé : l’intrigue tourne alors en rond, certes secondée par une atmosphère pesante mais sans but. Elizabeth Day a déjà écrit sur son propre parcours complexe vers la maternité en tant que journaliste – peut-être n’avait-elle pas assez de matière pour habiller ce cœur palpitant du roman, cette lutte touchante mais qui ne parvient pas à donner suffisamment de corps à l’ensemble.
Merci aux éditions Belfond et à NetGalley pour cette lecture.
Elizabeth Day – La pie voleuse
[The Magpie – traduit par Maxime Berrée]
Belfond
7 avril 2022
352 pages
22 euros
Ils/elles en parlent aussi : Ma voix au chapitre. Les chroniques de Koryfée. Christlbouquine. Plaisirs à cultiver
J’avais vraiment beaucoup aimé « L’invitation » mais j’avoue que je ne vais pas lire celui-ci.
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Moi aussi, et mes attentes étaient donc élevées… tant pis.
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je connais le problème de l’intérieur (infertilité, traitements souffrance, chagrin etc) donc j’ai préféré ne pas tenter c’est encore un sujet difficile pour moi 😉
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Il vaut mieux que tu évites alors, effectivement ! Surtout que le roman n’a pas un intérêt fou au-delà de ce sujet fort…
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Du coup, je passe !
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pareil !
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J’en attendais beaucoup, trop sûrement, ce qui n’a pas servi le roman… tant pis !
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