Phrase d’armes, Paul Greveillac

Paul Greveillac écrit la vie de René Bondoux, avocat convaincu, fleurettiste talentueux, prisonnier puis capitaine, parce que les circonstances. L’amour de l’auteur pour l’Histoire n’est plus à prouver – de la Chine à la Hongrie, en passant par la France –, et c’est donc ici encore le siècle passé qu’il fait défiler en toile de fond de son court roman, son héros rebondissant d’un événement à l’autre. Des jeux olympiques de Los Angeles en 1932 en passant par ceux de Berlin en 1936 jusqu’à la division de Berlin en 1945, René se faufile, marque discrètement le XXème de son nom.

Les mots de Paul Greveillac n’ont pas la verve soignée des romans précédents, se sont délestés des arabesques de l’Art Nouveau, pour adopter une certaine distance souvent teintée d’ironie. C’est avec bonhomie que l’auteur aborde l’Histoire, avec discrétion qu’il narre l’existence de cet homme que l’on connaît peu, qui a disparu des livres, mais est resté sur les photographies. En dépit de ce léger recul, le décor est esquissé efficacement, les odeurs et les murs se matérialisent, confèrent un cadre aux errements de René Bondoux, à ses phrases d’armes et aux anecdotes que sa vie permet à Paul Greveillac de relater. Il s’attarde davantage sur les circonstances de ses emprisonnements successifs et sur ses maladresses au combat que sur sa résistance, sur son ambition raisonnable et son envie de ne pas faire de vagues que sur une témérité légendaire. Il brosse ainsi le portrait de ce qui, sous sa plume, s’apparente presque à un anti-héros, de ses phrases brèves et élégantes mais souvent impertinentes qui soulignent l’humanité de tout un chacun, même des grands hommes – « on bâtit des légendes, mais le marbre s’effrite. On voudrait des héros, mais on n’a que des hommes. » (p151)

Paul Greveillac – Phrase d’armes
Gallimard
24 août 2023 (rentrée littéraire d’automne 2023)
192 pages
19 euros

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