Refaire le monde, Julia Glass

Avec Refaire le monde, Julia Glass plonge dans les dernières années du XXème siècle, immerge le lecteur dans le tourbillon new-yorkais de couleurs et de bruits, offrant ici et là quelques incursions dans le désert texan, plombé par un ciel immense et lourd d’un bleu pur. Roman choral qui flirte parfois avec le feel-good, ce livre offre par moments un instantané d’une époque, époque qui se finit dans la fumée et le chaos, les larmes et les sirènes. L’autrice mêle les vies pour s’appesantir sur les raisons du cœur, sur les affres de l’amour et de l’existence.  Parfois fantaisistes voire farfelus, les événements qui ont conduit les héros là où ils sont amènent cependant un peu de douceur décalée à ce roman oscillant entre anecdotes passées, jeunesse des protagonistes et présent parfois douloureux.

Après quinze ans de vie commune, Alan et Greenie ne parviennent plus à faire face au quotidien et aux tentations, même pour protéger George, leur fils. Walter, lui, tâche de trouver un véritable sens à son existence, un homme pour combler le vide dans son cœur, le creux laissé par tous ceux qui ont été emportés par le SIDA, présent en ombre chinoise tout comme il l’était dans Une maison parmi les arbres, autre roman de l’autrice. Enfin, Saga doit faire face à sa lente rémission, aux conséquences irrémédiables de l’accident qui lui ôta une partie de ses facultés quelques années plus tôt. Tous se connaissent, se croisent et se consolent, se blessent et se réconcilient, ballottés par la vie.

Mariage qui bat de l’aile, paternité et maternité mises à mal, amitié plus forte que tout, handicap, ostracisation, écologie, mal-être animal – Julia Glass touche à de nombreux sujets polémiques grâce à ses quatre principaux focalisateurs, deux femmes et deux hommes. Parfois agaçants, ils n’en possèdent pas moins des traits et des attitudes qui permettent au lecteur de s’identifier à l’un, puis à l’autre, malgré le hasard étrange qui joue avec leur destin. Émaillé de tendres comparaisons prosaïques qui rappellent presque le merveilleux de Lewis Carroll, l’étrange qui transforme le quotidien et le domestique, Refaire le monde offre une parenthèse agréable et douillette, parcourue d’effluves gourmands, vanillés et suaves.  

Merci aux éditions Gallmeister qui en contribuant à enrichir aVoir aLire ont également contribué à enrichir Pamolico.

Julia Glass – Refaire le monde
[The Whole World Over – traduit par Sabine Porte]
Gallmeister
7 avril 2022 (réédition)
688 pages
13,70 euros

Ils/elles en parlent aussi : Aux bouquins garnis

8 réflexions sur “Refaire le monde, Julia Glass

    1. On n’y est pas totalement non plus. Je ne lis jamais de feel good et j’y suis allergique donc j’ai peut-être tendance à rapprocher des titres plus doux et accessibles de ce « genre » un peu trop facilement.
      Ah, là je ne te rejoins pas du tout (même si je l’avais réalisé à la lecture de ton blog) 😅

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