La stupeur, Aharon Appelfeld

Dans son dernier roman, Aharon Appelfeld, mort en 2018, relate l’errance d’Iréna dans la campagne ukrainienne de 1941. Divisé en deux parties, ce livre témoigne de la haine des juifs, de la pauvreté, de la violence des hommes. Dans la première moitié, la jeune femme subit les assauts de son mari, tout en surveillant ses voisins, juifs tenus en joue par un gendarme. Elle est obsédée par la brutalité dont elle a été victime depuis son plus jeune âge, par la sauvagerie dont elle a été témoin à plusieurs reprises. Ainsi, même une fois son village loin derrière elle, son passé est martelé par bribes, certains détails et événements répétés encore et encore avec quelques variations, tournant comme une ritournelle macabre dans sa tête. Dans la seconde partie, elle marche, divague, prêche sans relâche, tâchant de rappeler au peuple ukrainien que Jésus était juif et que cette religion n’est pas maudite – La stupeur devient alors une sorte de parabole biblique, une femme pour prophète et pour réconciliatrice vouée à échouer. Les paysans qu’elle rencontre la malmènent, les paysannes à qui elle parle sont hantées par les fantômes des juifs qu’elles ont vus mourir et cherchent l’apaisement.

Ce court roman est narré dans un style simple, aussi simple que ne l’est l’histoire d’Iréna. Aharon Appelfeld dénonce ici tant la condition féminine que la condition juive, faisant d’une ingénue violentée le lien entre ces deux sujets. Le combat d’Iréna est perdu d’avance, son errance, interminable à tout point de vue. Très répétitif, lent, La stupeur est ainsi un livre poussif, laborieux malgré les thèmes primordiaux qui sont abordés.

Merci aux éditions de l’Olivier pour cette lecture.

Aharon Appelfeld – La stupeur
[Traduit par Valérie Zenatti]
L’Olivier
8 avril 2022
256 pages
22 euros

19 réflexions sur “La stupeur, Aharon Appelfeld

  1. Ping : Tout est illuminé, Jonathan Safran Foer – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

  2. Jourdan

    Bonjour.
    J’ai découvert l’auteur avec ”Mon père et ma mère ”,les temps d’insouciance avant les horreurs qui vont survenir.
    C’est par Valérie Zenatti,sa traductrice que j’avais écoutée à un festival que j’ai connu les romans de l’auteur. Je passerai peut-être sur celui là.

    Aimé par 1 personne

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