Courir encore, Olivier Vojetta

Olivier Vojetta semble avoir accouché de Courir encore dans l’urgence, dans la douleur, dans le besoin de s’épancher et de coucher sur papier ce qui ne peut être dit. Courir encore se déploie comme un monologue intérieur, les souvenirs et les réflexions du personnage principal, David, tournant et tourbillonnant dans sa tête. Son fils, Hippo, est mort in-utero, après 12 semaines, et le père qu’il aurait dû être ressent le besoin irrépressible d’écrire ses sentiments, de raconter sa souffrance et son manque. Absence de père et absence de fils, pris entre ces deux étaux, le narrateur raconte, revient sur son passé, tâche de retrouver cohérence et raison de vivre, essaie de se motiver à aller courir ce marathon pour Alex Roth son collègue qui lui inspire si peu d’estime.

Les phrases sont longues, elles se tendent et se contorsionnent sur plusieurs pages, s’étirent, comme le temps qui passe après un deuil. Ce récit est si intime que le lecteur se sent presque de trop, comme s’il n’avait pas sa place en tant que lecteur, comme si Courir encore n’était pas fait pour être lu mais davantage pensé comme un exutoire. Si les noms ne sont pas les mêmes, on sent le vécu, l’expérience et la souffrance derrière les mots, derrière les souvenirs un peu décousus et les pensées tristes que relatent ce livre.

Olivier Vojetta m’a contactée, m’a proposé de lire ce qui s’apparente à un témoignage, arguant que le point de vue du père n’est que rarement adopté – la mère est celle qui souffre l’absence dans son corps, au plus profond d’elle. Le père se contente d’être cette ombre un peu silencieuse, une épaule pour celle qui se sent vide, et un coffre de douleur contenue. Je suis heureuse d’avoir pu lire cette œuvre, même si, comme je l’ai déjà dit, elle semble davantage être comme une page de journal intime, arrachée à sa torpeur et à son silence pour être révélée au grand jour.

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