Lunaire mais réaliste (Automne, Ali Smith)

Ce livre ne ressemble à rien de connu et à tout ce qui a été lu. Le style est à la fois fluide et haché, le roman est plein d’anaphores, de briéveté, de phrases longues et d’autres de quelques mots, formant un ensemble lunaire mais aussi confondant de réalisme. Très poétique, Automne est étonnant, il semble venir d’ailleurs. Les rêves de Daniel Gluck prennent plusieurs pages et ils imprègnent même le réel d’Elisabeth, son ancienne voisine venue le visiter dans sa maison de retraite. Daniel dort, il dort et il rêve, et dans ses rêves se mêlent les souvenirs de sa jeunesse et ceux des moments que lui et Elisabeth, alors petite, ont passé ensemble en tant que maître et disciple, que père spirituel et esprit libre. Tout cela crée une sorte de patchwork, un mélange d’art, de réel, d’Histoire et de rêveries, collages de plusieurs éléments disparates.

Même la vie quotidienne d’Elisabeth est teintée de surréalisme, onirisme venant des personnes qu’elle rencontre ou qu’elle côtoie – les employés de la Poste, l’amie de sa mère, le garde… Automne est donc à mi-chemin entre l’absurde et le poétique et cela donne lieu à un roman étonnant, ni vraiment plaisant ni vraiment déplaisant. Les pages évoquant l’enfance d’Elisabeth spnt trop rares, auraient permis d’ancrer davantage le récit ; l’auteure s’attarde tant et trop sur Pauline Boty, artiste anglaise de Pop Art que Daniel fait découvrir à une Elisabeth adolescente, évoque de nombreux moments appartenant au passé de Daniel, souvent mystérieux et brumeux pour le lecteur. Très décousu, ce livre le perd à plusieurs reprises, sans qu’il sache vraiment si la lassitude va prendre le pas sur le plaisir ressenti à l’idée de s’égarer dans ces pages. Bizarrement, on pense à Dans les rapides de Maylis de Kerangal, peut-être à cause de ce tourbillon d’éléments, et de cette incursion dans la vie d’icônes (plus ou moins iconiques) d’une époque.

Les feuilles tombent, les unes après les autres, l’automne est là et remplace l’été. L’auteure écossaise a déjà publié Hiver qui n’a pas encore été traduit et elle compte bien achever sa tétralogie par Printemps et Été : que va-t-elle bien pouvoir inventer pour ces trois variations ?

Une lecture confondante donc, qui a le mérite d’être différente.

https://s3.amazonaws.com/netgalley-assets/3c03ce79d/images/badges/pro_reader_120.png

Merci aux Éditions Grasset et à NetGalley pour cette lecture

Ils en parlent aussi : Les livres de Folavril, Les livres d’Ève, The unamed bookshelf, Sonia boulimique des livres, Mes échappées livresques, Stephalivres, Lily lit, Parlez-moi de livres, Mes espaces, Christlbouquine

Laisser un commentaire