L’oiseau moqueur, Walter Tevis

Bob Spofforth, Paul Bentley et Mary Lou – trois personnages dans un futur bien sombre et pourtant pas si éloigné de nos préoccupations actuelles. 2467, les hommes sont désormais des zombis abrutis de substances chimiques qui engourdissent leurs neurones, paralysés devant les écrans de Télévision qui diffusent couleurs hypnotisantes et Musak relaxante. La lecture n’existe …

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L’accident de chasse, David L. Carlson ; Landis Blair

Après la mort de sa mère, en 1959, Charlie Rizzo arrive à Chicago, chez son père qu’il ne connaît presque pas. Aveugle, Matt vit dans cette ville depuis des décennies, le Little Italy de sa jeunesse ayant aussi peu changé que les verres de ses lunettes ne se sont colorés. Comme un reflet de l’obscurité …

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Constellations, Sinéad Gleeson

En lisant ces éclats de vie, d’aucuns réaliseront que Sinéad Gleeson n’a pas eu une existence aisée. Problèmes osseux, hanche de porcelaine, leucémie, kystes, césariennes – son corps a souffert. Du métal est éclaté partout en elle, à l’image d’étoiles dans le ciel. Alors pour raconter cette enveloppe qu’elle habite, elle mêle souvenirs et sensations, …

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Malcolm & Marie, Sam Levinson

Le noir et blanc choisi par Sam Levinson pare les traits de Zendaya d’ombres et de doute, de douleur et de fébrilité. Malcolm & Marie est avant tout un écrin que le réalisateur de la série Euphoria offre à son actrice fétiche, à sa muse – après tout, c’est elle qui l’a contacté pour lui demander …

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Trencadis, Caroline Deyns

Caroline Deyns s’efface derrière la silhouette frêle de l’artiste qu’elle dépeint, si frêle et pourtant capable de donner vie à des ombres enflées, gonflées de vie et de couleurs. Niki de Saint Phalle, moitié Américaine, moitié Française, honnissait les angles droits, les cercles sans défauts, le parfait, le normal. Alors pour lui rendre hommage, voici …

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Les disparues du tableau, Daria Desombre

Deuxième tome d’une saga policière russe, Les disparues du tableau met en scène Macha et Andreï, stagiaire et policier titulaire. La première est dans un piètre état alors que s’ouvre le roman, se remettant tout juste des événements bouleversants qui se déroulèrent dans le premier opus. La nouvelle enquête qui occupe Andreï pourrait bien lui …

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La femme-écrevisse, Oriane Jeancourt Galignani

La femme-écrevisse ou une gravure imaginaire de Rembrandt, une obsession, une lubie qui hantera les Von Hauser à jamais. Descendants de Margot, amante malheureuse de l’artiste hollandais du XVIIème siècle (et sans doute double littéraire de Geertje Dircx…), Ferdinand, Grégoire et Lucie sont dévorés par cette œuvre, par ses implications. Le roman s’ouvre en 1642, …

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Ce qui plaisait à Blanche, Jean-Paul Enthoven

Ce roman – en est-ce vraiment un ? Jean-Paul Enthoven l’affirme – est écrit à la première personne d’un bout à l’autre. Enchâssée d’un prologue et d’un épilogue, l’histoire en elle-même a supposément été confiée au personnage-éditeur ayant rédigé les deux appendices – peut-être l’éditeur que fut Enthoven ? – pour qu’elle soit publiée anonymement. …

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Art Nouveau, Paul Greveillac

Cette fois, point de paysans ni de communistes pour Paul Greveillac. Après la Chine du siècle passé, théâtre de son Maîtres et esclaves, l’auteur s’attaque à la Hongrie de la fin du XIXème siècle. Toujours auprès d’un artiste fictif qui côtoie des bâtisseurs et de grands hommes ayant marqué l'Histoire. Les phrases sont courtes – …

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Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma

Robe rouge contre robe verte, chevelure blonde contre chevelure brune, Héloïse et Marianne, une jeune femme destinée au mariage, une autre, solitaire. Quand elles se rencontrent, Héloïse (Adèle Haenel) sort du couvent tandis que Marianne (Noémie Merlant) a été missionnée par la mère de la première pour réaliser son portrait. Le tableau sera envoyé au …

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Le chardonneret, Donna Tartt

Chef d’œuvre, récit d’apprentissage, traité philosophique, manifeste nihiliste, malédiction sordide, éblouissement, rêve auquel s’accrochent des filaments de cauchemars. Le chardonneret, où l’histoire d’un tableau mais aussi d’un homme, enfant devenu grand, Theodore Decker. L’oiseau immobilisé sur son perchoir, immortalisé dans son immobilité est semblable à une allégorie – allégorie du héros, du peintre mais aussi …

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La marque indélébile d’un amour de jeunesse (Les miroirs de Suzanne, Sophie Lemp)

Les miroirs de Suzanne raconte l’histoire d’une mère de famille, auteure sous contrat pour diverses maisons d’édition, qui désespère de ne pas retrouver ses carnets après un cambriolage. Les vandales ont pris le coffre où étaient rangés les cinq volets de son journal intime, celui de son adolescence, le récit de ses amours, de ses …

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Le graphisme surpasse le scénario (Les hirondelles de Kaboul, Zabou Breitman)

À Kaboul, en 1998, Zunaira et Mohsen sont jeunes, ils s’aiment et leur plus grand désir est de retrouver la liberté dont ils jouissaient avant que le régime des talibans ne leur interdise de se tenir la main en public, de sortir chaussés de blanc, de s’amuser et d’avoir l’esprit léger. Les femmes ont l’obligation …

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Lunaire mais réaliste (Automne, Ali Smith)

Ce livre ne ressemble à rien de connu et à tout ce qui a été lu. Le style est à la fois fluide et haché, le roman est plein d’anaphores, de briéveté, de phrases longues et d’autres de quelques mots, formant un ensemble lunaire mais aussi confondant de réalisme. Très poétique, Automne est étonnant, il …

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Foisonnant mais passionnant (Les jungles rouges, Jean-Noël Orengo)

Jean-Noël Orengo, romancier toujours inspiré par le « Karmastan » évoqué par l’un de ses héros (l’Asie du Sud-Est, les pays du karma) puise encore une fois son inspiration dans l’Indochine. Il dresse ici une véritable fresque historique, brassant des décennies d’Histoire, commençant au début des années 1920 pour atterrir en 2016, s’arrêtant en 1950 …

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Légèreté et folie douce (Je promets d’être sage, Ronan Le Page)

Cette comédie française est la promesse d'un bon moment. Fraîche, originale et gentiment barrée, elle relate l’histoire de Franck (Pio Marmai), dramaturge déchu qui se retrouve gardien de musée à Dijon. Le long-métrage s’ouvre sur une pièce mise en scène par Franck, catastrophique et à la limite du cauchemardesque – le tout est d’ailleurs un …

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De l’esprit et du mordant (Les faussaires de Manhattan, Marielle Heller)

Les faussaires de Manhattan, ou un film étonnant, caustique et avec beaucoup d’esprit. Semblable à l’héroïne elle-même, Lee Israël, auteure ruinée qui, après avoir vendu une lettre que Katharine Hepburn lui avait adressé, réalise que ce marché pourrait s’avérer être une véritable mine d’or… Là voilà donc qui mêle ses talents de biographe à son …

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Bouillon de culture (Conte de cinéma, jean Lods)

Une perle rare que ce roman, tellement étrange, tellement lunaire… Jean Lods est un habitué de ce sujet : il a écrit une thèse sur le cinéma en 2010, il sait donc de quoi il parle. Son écriture va avec le reste, elle est à la fois belle et biscornue, peu commune. Ses héros semblent tous …

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L’art ne vaut rien mais rien ne vaut l’art (Marcher jusqu’au soir, Lydie Salvayre)

Lydie Salvayre parvient à emporter le lecteur avec elle dans le musée, dans le déroulé de ses pensées. Elle arrive même à le faire adhérer à ses théories et à le faire réfléchir sur la légitimité des musées, sur la logique illogique d’enfermer des œuvres d’art loin de là où elles ont été pensées, loin …

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Un délicieux concentré d’humanité (Changer le sens des rivières, Murielle Magellan)

Ce roman est une vraie pépite. Le style est fluide, imagé, direct, tendre et poétique tout à la fois. Les phrases s’enchaînent, chacune différente des autres mais réussissant toutes à enrichir le livre : rien n’est à retirer, rien à ajouter. Merci Murielle Magellan pour ce petit bijou. C’est l’équilibre même. Marie nous touche, elle …

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L’amour abstrait (Celle que vous croyez, Safy Nebbou)

Celle que vous croyez délivre un message très intéressant sur la société d’aujourd’hui. Perdus dans nos écrans, ne manquons-nous pas l’essentiel, pourtant à portée de main ? Ne nous abritons-nous pas trop derrière notre identité virtuelle ? Claire (Juliette Binoche) a une petite cinquantaine, elle vient d’être abandonnée par Ludo qui n’est pas intéressé par une relation …

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Une nuit de magie (Millésime 54, Antoine Laurain)

Écriture fluide, personnages attachants, destins qui se mêlent pour devenir indissociables… la patte d’Antoine Laurain. Se reconnaît bien là cet auteur qui a fait des études de cinéma avant de se lancer dans l'écriture : ses livres sont imagés, et se discernent les tics d'un passionné du septième art derrière le scénario et le montage …

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La Chine et ses contradictions (Maîtres et esclaves, Paul Greveillac)

Maîtres et esclaves est un roman tellement bien fait que l’on dirait presque que Tian Kewei a existé. En tout cas, on s’interroge. De belles métaphores et descriptions côtoient l’horreur de la Révolution Culturelle, de la répression des Gardes Rouges, et des mots parfois familiers pour décrire l’atroce, l’incompréhensible, le désespoir. Ce savoureux mélange nous …

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La grâce (Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard)

Ça raconte Sarah, je l’ai lu dans le bus. Je l’ai dévoré. Je l’ai adoré. Pour pouvoir lire un roman dans les transports en commun sans en lever la tête, il doit vraiment avoir quelque chose, il doit être vraiment vraiment bon. Ça raconte Sarah, comme le dit le titre. Sur fond de Schubert, les …

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Oh f**k ! (Alberto Giacometti : the final portrait, Stanley Tucci)

C’est un film qui n’est pas à la hauteur du génie de son héros. Le jeu des acteurs est excellent – surtout celui de Geoffrey Rush, malgré son accent anglais lorsqu’il parle français alors qu’il joue un italien. L’hommage à Giacometti est tangible : les couleurs et les lumières du film déclinent une kyrielle de tons …

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Heureux sont les fêlés (Tiens ferme ta couronne, Yannick Haenel)

Tiens ferme ta couronne est un livre dément, oscillant entre biographie, roman inspiré de la réalité et fiction joliment fêlée. La plume de Yannick Haenel est une merveille de délicatesse métaphorique et d’images plus folles les unes que les autres. Cette œuvre gravite autour d'un maître mot : vérité. Qu’elle prenne la forme d’un daim blanc …

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