Après une lecture (rapide et non-exhaustive, j’en ai peur) du résumé de La Mégère apprivoisée, pièce à laquelle ce roman est censé faire écho, Vinegar Girl (ou Fille vinaigre, littéralement) prend une autre dimension – sans être totalement convainquant pour autant.
Kate (inspirée de la Catharina de Shakespeare), passionnée de botanique et assistante en école primaire vit avec son père, le Dr Battista, et sa sœur, Bunny (Bianca chez le dramaturge britannique). Elle a vingt-neuf ans et agit en qualité de maîtresse de maison puisque sa mère est morte et que son père est complètement assisté, perdu dans son monde de laborantin. Il est aidé dans ses recherches par Pyotr, ressortissant russe qui se voit en danger d’expulsion : son visa va prendre fin sous peu. Le Dr Battista a donc besoin d’un miracle ou tout simplement que sa fille aînée accepte de se marier avec ce jeune homme. Bien entendu, Kate est plutôt réticente de prime abord… C’est d’ailleurs en cela que ce roman s’éloigne de la pièce shakespearienne : s’il est raconté par un narrateur à la troisième personne, c’est le point de vue de Kate qui nous est donné tout au long de l’histoire. Son ressenti, ses émotions, son quotidien. Autant dire qu’elle ne ressemble en rien à la mégère du pape des lettres anglaises, à part en son statut de vieille fille un peu sévère avec sa sœur – qui en a bien besoin.
Les amoureux d’Anne Tyler (Une bobine de fil bleu, Un mariage amateur, Une autre femme, La danse du temps…) seront sans doute déçus par ce titre. Si habituellement ses histoires de famille et sa façon inimitable de raconter les petits rien de la vie parviennent à emporter ailleurs, ici l’histoire patine, manque d’allant et ne passionne pas le lecteur. C’est sans doute dans sa manière de réécrire La Mégère apprivoisée qu’elle se démarque ici, mais sans avoir lu la pièce originelle, difficile de saisir tout l’intérêt de la chose. Certes Kate est touchante, attachante, mais les autres agacent. En outre, l’héroïne donne l’impression de ne pas réellement réagir face à ce qui lui arrive : l’épilogue le confirme d’ailleurs. Se retrouvent malgré tout ici et là l’humour d’Anne Tyler, notamment dans la description des techniques ménagères étonnantes et ubuesques du Dr Battista qui conseille sa fille et exige d’elle qu’elle applique celles-ci à la lettre.
Voici ce qu’en dit Phébus, son éditeur.
Ils/elles en parlent aussi : Histoires d’en lire. Littérographe. Émois livresques. Nuages d’ouvrages. Black roses for me. La paupiette culturelle
Ping : Nos tendres cruautés, Anne Tyler – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries
le défi des histoires inspirées d’autres histoires, c’est d’être aussi convaincantes pour ceux qui connaissent l’histoire originelle que pour ceux qui l’ignorent….là, on dirait que c’est manqué 😦
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J’aime bien ton analyse de la situation, c’est vrai que c’est ça leur enjeu 😉 J’ai lu beaucoup de critiques bien plus positives que la mienne, donc peut être aussi que j’en attendais trop sachant que j’aime beaucoup cette auteure…
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merci ! difficile aussi de ne pas être influencé en bien ou en mal avant de commencer la lecture. et pas drôle d’être déçu par un auteur qu’on aime… (mais l’ignorance n’est pas la solution 🙂 )
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Haha c’est sûr ! Merci de tes commentaires en tout cas et bonne journée (encore plutôt fraîche) 😉
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