Anne Tyler, encore et toujours, Anne Tyler et sa manière inimitable d’écrire et de décrire les petites choses du quotidien, les lassitudes amoureuses, la vie de famille et ses désagréments.
Delia vit avec Sam Grinstead depuis son plus jeune âge. Il a repris le cabinet de son père, et l’a épousée elle, la cadette, l’ingénue de la fratrie. Elle vit avec Sam depuis des années, ils ont trois enfants, une fille et deux fils, et elle se sent dépassée. Dépassée par la routine. Elle a de plus en plus le sentiment de devenir une ombre, un meuble, un objet du décor qui est indispensable mais ne compte pas vraiment pour autant. Lors de vacances en famille où tous sont réunis (ses deux sœurs, ses nièces, ses trois enfants : Carroll, Ramsay et Susie, et bien sûr elle-même et Sam), elle part, d’un coup, sur un coup de tête. Elle marche, longtemps, sur la plage, et finit par décider de s’en aller, de les laisser, de commencer une nouvelle vie sans eux, sans ce boulet qu’elle traîne depuis des années. Sauf que la famille finit toujours par vous rattraper à un moment ou à un autre…
Comme dans ses autres livres, Anne Tyler arrive à dépeindre la routine, la vie qui s’enlise et qui devient insupportable, grâce à son ton doux-amer incomparable. Des détails font sourire, d’autres attristent mais tout est tellement bien analysé sans paraître recherché que ce roman transporte. Il ne se passe finalement que peu de choses, mais le fait de se pencher sur des gens banals, sur des personnes de tous les jours, sur ceux qui pourraient être des voisins, des connaissances, des amis, voilà la force de cette auteure. Le lecteur continue à lire, sourit et s’émeut parce que tout pourrait très bien lui arriver, dans un futur plus ou moins proche. Les personnages sont moins caractérisés et définis que dans Une bobine de fil bleu ou encore dans Un mariage amateur mais cela permet sans doute une identification plus aisée. Le style est moins décousu et moins d’analepses nous sont données à lire mais ça reste du Anne Tyler. Du bon Anne Tyler. Seul petit bémol, les dernières lignes…
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