Paillettes et paranoïa (Sale temps à l’Hôtel El Royale, Drew Goddard)

Ce film est innovant – peu de dialogues superflus, pas de techniques cinématographiques expérimentales, une bande-son immersive, redonnant vie aux seventies américaines. Cela tient beaucoup à la magnifique performance de Cynthia Erivo (jouant Darlene Sweet) qui, non contente d’avoir une voix sublime, a chanté en live, sur le plateau, lorsque le scénario l’exigeait.

Les premières minutes du film mettent dans l’ambiance. Sur fond musical, un homme bidouille dans une chambre d’hôtel, le temps est au déluge. Puis le titre apparaît et tout commence…

Drew Goddard a créé plusieurs personnages semblant presque réels : tous ont leur caractère, leur histoire et leur personnalité, découverts peu à peu, au moyen de flashbacks. En effet, c’est à la manière d’un roman que la réalisation est construite, divisée en plusieurs chapitres dont le titre est inscrit sur un carton noir avant la séquence correspondante. Cette originalité supplémentaire permet une alternance des points de vue, ce qui ajoute une profondeur à la fois aux personnages, mais aussi à l’histoire en elle-même. Les événements, à l’image de la tempête qui gronde, méritent effectivement d’être perçus selon différentes perspectives pour que le spectateur puisse les appréhender de la manière la plus complète possible. C’est là que réside la force du film : tout et tout le monde est ambigüe et chacun a des comportements pouvant passer pour suspects. Drew Goddard explique d’ailleurs avoir choisi les années 60 pour cette raison : elles sont « le symbole d’un esprit d’érotisme, de chaleur et de fête, mais là-dessous existait une forme de paranoïa. Sous les paillettes et le côté glamour, on surveillait les choses ». Et le réalisateur de qualifier à la perfection son film sans trop en dévoiler…

L’hôtel où tout se passe, El Royale, autrefois luxueux et réputé pour sa localisation originale, à cheval entre le Nevada et la Californie, a peu à peu été déserté par les clients. Pour s’y rendre, il faut être désespéré et avoir des choses à cacher, et c’est sans doute le seul point commun des personnages : Emily (Dakota Johnson), le père Flynn (Jeff Bridges), Seymour Sullivan (Jon Hamm) et le petit groom, tous sont plus ou moins louches. Pour les autres, on soupçonne quelque chose mais on n’est pas vraiment sûr…

L’atmosphère de ce huis-clos est plutôt glauque, et elle rappelle celle de la Tour de la Terreur, attraction de Disneyland ayant pris les traits d’un vieil hôtel abandonné. L’Hôtel El Royale est le centre de l’attention, tout gravite autour de lui, il est la raison même de l’histoire, le dénominateur commun à tous les personnages. Les décors sont très réalistes et font froid dans le dos. Dans l’ensemble, tout est savamment dosé et sonne très juste. L’intrigue est bien menée, le suspense est là.

Seul petit hic, le beau Chris Hemsworth incarne un personnage dont l’existence nous semble un peu farfelue et cela nuit à la vraisemblance du film qui devient bientôt surréaliste.

Pour la bande-annonce, c’est ici 🙂

2 réflexions sur “Paillettes et paranoïa (Sale temps à l’Hôtel El Royale, Drew Goddard)

  1. J’ai aussi vu ce film. J’ai été moyennement emballée. La bande-annonce était très prometteuse mais l’histoire m’a au final déçue. J’ai trouvé aussi le personnage du hippie malfaisant trop barré à mon goût. Cela partait un peu dans tous les sens. Dommage.

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