Caleb Azumah Nelson, écrivain anglo-ghanéen, écrit un roman qui chante et danse, suivant les mouvements de ses héros, de leur corps et de leur cœur. Stephen, le narrateur, s’apprête à partir à l’université alors que l’histoire commence, à quitter ses parents, une partie de ses amis, tout son petit monde pour en recréer un autre pense-t-il. Mais avant, il faut profiter des vacances, des derniers instants. C’est l’été à Londres, il fait chaud, lourd, le temps est parfait pour laisser la musique s’emparer des jambes, pour faire des bœufs toute la nuit. Le jazz fait vibrer le jeune homme, immigré de la seconde génération, et sa tribu, celle dont il a hérité et celle qu’il s’est créée à Peckham, quartier ghanéen de la capitale où les peaux noires s’illuminent sous le soleil anglais.
La langue de Caleb Azumah Nelson est musicale, rythmée, pleine d’échos qui sonnent comme des refrains, de phrases longues qui courent et courent, bientôt interrompues par d’autres plus courtes qui accélèrent le tempo – soulignons d’ailleurs la traduction admirable de Santiago Artozqui. La plume est imprégnée de couleurs, d’odeurs et de saveurs africaines, chaudes et épicées, dont la vivacité semble avoir déteint sur les pages vibrantes qu’écrit l’auteur. Dans ce roman d’apprentissage, il raconte les atermoiements d’un adolescent, la dure transition vers l’âge adulte, les petits mondes qui éclatent puis se reconstruisent, les frictions avec les parents, les amours qui vacillent, entre inconstance et évidence. Chatoyant et nostalgique, Nos petits mondes fait voyager, aussi discret que turbulent, soulignant également avec pudeur le racisme qui sous-tend les relations entre les blancs et les protagonistes noirs dans cette Angleterre bigarrée d’hier et d’aujourd’hui, en particulier dans le dernier chapitre qui se centre sur le père de Stephen.
Caleb Azumah Nelson – Nos petits mondes
[Small Worlds – traduit par Santiago Artozqui]
Denoël
10 janvier 2024 (rentrée littéraire d’hiver 2024)
352 pages
22 euros
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Merci, j’avais beaucoup aimé « Open water » !
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Pas lu, mais assurément noté après cette lecture !
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Ce type d’écriture très musicale, ça passe (très bien) ou ça casse… Du coup, je ne me lance parfois pas dans l’aventure. Mais tu m’as rendue curieuse alors je tenterai certainement l’expérience.
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Même si c’est musical, ce n’est pas du tout un frein pour la lecture ici, ou même une plume que je verrais comme clivante. Donc n’hésite pas 🙂
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Ah tant mieux, je craignais un style parfois difficile à suivre ou lassant.
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Non, pas ici !
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J’avais lu et aimé Open water. Un auteur à suivre
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Ouo je me souviens ! Effectivement, je pense qu’il mérite qu’on garde un œil sur ses textes.
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🩷🩵
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Le genre de roman à lire en musique, j’imagine…
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Avec les airs mentionnés par l’auteur, c’est encore mieux, c’est sûr !
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