Dans la fratrie née de l’amour entre Odile et Ferment, les surnoms étranges ont remplacé les prénoms, promesse de fantaisie décalée et triste. Béguin, Chiffon et Zizi Cabane perdent leur mère alors qu’ils sont encore enfants, la plus jeune pensant qu’elle reviendra, qu’elle veille toujours – en cela, Ferment la rejoint. Les chants d’Odile devenue ruisseau enveloppent la narration autant que le corps et l’âme de sa famille abandonnée qui doit trouver un nouveau centre gravitationnel, un nouvel équilibre autour des phrases courtes de Bérengère Cournut, de la prégnance de la nature dans ces pages et dans leur esprit. L’autrice crée une sorte de conte, une métaphore de la mort, elle qui a perdu son père alors qu’elle était encore une fillette. Ses personnages s’expriment chacun leur tour, dans une sorte de ton oralisé mais rythmé. Dans les premières parties, ce phrasé ne correspond pas vraiment à l’âge de Zizi Cabane, la petite héroïne, et vient souligner l’in-vraisemblabilité de l’ensemble, ce merveilleux qui transforme le prosaïque et les drames familiaux en quelque chose d’autre, de balbutiant mais de beau, aussi, parfois.
Les univers de Bérengère Cournut ont toujours quelque chose d’étonnant, presque un étrange mélange entre ceux d’Auður Ava Ólafsdóttir et d’Olivier Bourdeaut, un pas en dehors du monde pour mieux le décrire via un prisme déformant qui, peut-être, permet en réalité davantage d’acuité. Il ne faut pas être trop terre-à-terre pour lire et apprécier son œuvre si particulière qui semble presque absurde mais, finalement, frappe par sa justesse déphasée, par son amour de la Terre, par son espèce d’animisme réinventé, comme un hommage à notre planète et aux peuples premiers auxquels l’autrice rendait déjà hommage dans De pierre et d’os.
Merci aux éditions du Tripode qui en contribuant à enrichir aVoir aLire ont également contribué à enrichir Pamolico.
Bérengère Cournut – Zizi Cabane
Le Tripode
18 août 2022 (rentrée littéraire d’automne 2022)
256 pages
18 euros
Ils/elles en parlent aussi : Patricia. Joellebooks. La viduité. D’autres vies que la mienne
« fantaisie décalée et triste », c’est juste !!
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Merci !
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La honte, je ne l’ai encore jamais lu 😉
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J’ai du mal avec son univers mais c’est un voyage à tenter 😉
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J’adhère tout à fait à ta référence à l’univers d’Olafsdottir.
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Ah oui ? Je ne crois pas que tu aies lu Zizi Cabane (ou alors j’ai manqué ta critique) alors lesquels de Bérengère Cournut connais-tu ? Je suis curieuse 🙂
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Comme tu as pu le voir depuis, j’ai lu Zizi Cabane et j’ai lu aussi son précédent roman » De Pierre et d’Os. 🙂
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Oui j’ai vu ça 😉
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j’ai bien aimé De pierre et d’os, alors pourquoi pas!
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On retrouve cet attachement à la Terre, à la nature, et ces chants aussi. Je pense que ça veut dire que l’univers de l’autrice te touche donc oui, pourquoi pas !
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Et quelles jolies couvertures ! Toutefois, comme Sandrine, c’est une autrice qui m’est encore inconnue, et que j’hésite à découvrir..
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Oui c’est vrai que les couvertures du Tripode sont belles et soignées !
C’est vraiment particulier comme univers alors comme à Sandrine, je te conseillerais sans doute d’emprunter un de ses livres ou d’en feuilleter en librairie pour te faire une idée.
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Je n’ai pas encore découvert Bérengère Cournut, je ne sais pas si j’adhérerais à son univers…
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C’est très particulier… Certaines pages m’ont touchée et d’autres pas du tout. Je n’avais pas aimé De pierre et d’os par contre. Empruntes-en un peut être, pour te faire une idée !
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