Jonathan Larson est terrorisé par l’approche de son trentième anniversaire, par l’horloge qui s’affole, par le « tic-tac » incessant qui résonne dans sa tête, comme le tick, tick… BOOM! d’une bombe sur le point d’exploser. L’auteur-compositeur, alors que s’ouvre cette comédie musicale, est sur scène et relate la création de sa première œuvre, Superbia, spectacle empruntant à la science-fiction finalisé dans le feu et la terreur, celle inspirée par l’approche du gâteau et des bougies…
Le spectateur sait donc d’emblée que le héros parviendra à ses fins, d’autant que son nom n’est pas inconnu : c’est un synonyme de Broadway et de spectacles qui font salle comble, d’un génie incompris pendant longtemps puis mort trop tôt, trop jeune. Toute la réalisation, adaptation libre du second show, inachevé et semi-autobiographique, de Larson, repose donc sur un vaste système de mises en abyme, une œuvre répondant à une autre, entre chants, mélodrame et biopic puisque Lin-Manuel Miranda a patiemment tissé d’ornements supplémentaires, de détails la comédie musicale d’origine. L’habite d’ailleurs cette même crainte de l’horloge qui tourne, lui, le parolier à succès de Vaiana – son modèle et lui-même se font face et fusionnent dans le personnage incarné par Andrew Garfield, dans cette quête insensée et effrénée vers la reconnaissance des pairs.
L’acteur, qui flirte certes avec la surperformance mais sans l’embrasser totalement, attire toute la lumière, brille tant par ses performances vocales que par sa présence, par son énergie du désespoir. Il parvient à redonner vie à cet homme, oscillant entre le showman plein d’assurance mais aussi d’émotions qui a réussi et le jeune artiste sans le sou qu’était Larson et dont il raconte les péripéties. Il porte Tick, Tick… BOOM!, la fait bouillonner, vibrer d’électricité à peine contenue, de la scène au quotidien sans fard dans Greenwich Village – les textes des chansons allant avec. Partage la scène avec lui Vanessa Hudgens, la star d’High School Musical, tandis qu’à la ville, c’est Alexandra Shipp à qui échoit le rôle d’aimée : la romance compliquée entre ces deux-là vient donc rythmer le récit des débuts de Larson.
L’esthétique est à la fois très soignée et brouillonne, comme si dominait la fraîcheur de la jeunesse, planait le spectre de l’improvisation – hantant déjà La La Land quoique dans une composition plus touchante et harmonieuse. Lin-Manuel Miranda parvient ici à faire revivre le New York des années 1990 grâce aux détails qui fourmillent, entre appartements miteux, ambiance festive et SIDA dont la menace pèse sur la communauté gay, particulièrement représentée dans le milieu du spectacle – la minisérie It’s a Sin en témoignait déjà de manière particulièrement poignante. En cela, se devinent également dans Tick, Tick… BOOM!, au-delà de la création artistique et de ses exigences, des thèmes chers à Rent, le show qui rendit (enfin) Jonathan Larson célèbre, des années après l’écriture de Superbia.
Cette comédie musicale est d’ores est déjà nominée dans diverses catégories aux Golden Globes 2022.
De : Lin-Manuel Miranda
Par Steven Levenson, Jonathan Larson
Avec : Andrew Garfield, Vanessa Hudgens, Bradley Whitford, Alexandra Shipp
Genre : Comédie musicale
Durée : 2h01
A voir sur Netflix
Bande-annonce ici
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Une très jolie critique pour un film qui doit être poignant à regarder. En plus de Netflix je me suis abonné à Apple TV. Je te souhaite un beau réveillon Cécile et je te retrouverais avec un immense plaisir en 2022 ! 😊✨
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Pas si poignant tant la bonne humeur et l’énergie priment malgré les sujets abordés. Merci !
Il doit y avoir un catalogue intéressant… mais Apple, je boycotte ! J’espère que tu y trouveras ton compte mais je n’en doute pas 😊
Beau réveillon à toi aussi Fred et à l’année prochaine 😁
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je ne connais pas! je note pour tester,
il faut que je teste West Side Story mais j’ai peur de comparer car j’aime tellement le film de 1961 Nathalie Wood George Chakiris 🙂
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C’est foisonnant, coloré, assez joyeux malgré les thèmes abordés.
Moi aussi… et je n’ai pas vu l’original ! Il faut que je regarde les 2 🙂
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Je ne connaissais pas du tout l’artiste, et à force de lire ici et là des articles sur ce film, je suis de plus en plus curieux. Après un hommage à Sondheim dans mon article sur « West Side Story », pourquoi pas un autre a Larson.
Merci du conseil.
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C’est vitaminé, parfois trop, mais rien que la (sur)performance de Garfield vaut le coup d’œil. Bel hommage en tout cas, je serais curieuse de te lire à son sujet !
Passe de belles fêtes de fin d’année 🙂
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Merci, très belles fêtes à toi également.
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Jonathan Larson semble très à la mode car j’ai entendu deux ou trois émissions de radio à son sujet… J’avoue ne pas être tellement fan de sa musique. Joyeux Noël à vous !
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Peut-être est-ce justement en raison de ce film qui est nominé dans de très nombreuses catégories aux Golden Globes ?
Merci de votre passage et joyeux Noël également !
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un film noëlesque….? Merci de nous ouvrir le catalogue de « N »
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Trop de mises en abîme et de sujets noirs pour être tout à fait « noëlesque » mais on s’en approche !
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Merci pour ces informations ! Bonnes fêtes
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Merci ! Bonnes fêtes également
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