Aimer et ses limites (L’autre continent, Romain Cogitore)

C’est un film qui parle en délicatesse de la maladie, de l’amour face à elle, de la réaction des proches qui font comme ils peuvent.

Maria (Déborah François, très juste, touchante) rencontre Olivier (Paul Hamy, désarmant) à Taïwan, qui coproduit d’ailleurs le film – ce pourquoi les acteurs ont dû beaucoup travailler leurs répliques en mandarin pour que le public taïwanais les comprenne… Ils sont tous les deux français, elle est guide pour des hollandais et Olivier parle quatorze langues – la nationalité de ses touristes dépend des jours. C’est un presque coup de foudre entre la pétillante et mutine Maria et Olivier, plus taciturne et intellectuel. Jusqu’à ce que ce dernier ne tombe malade – gravement – et qu’ils doivent rentrer en France en urgence. Commence alors l’horreur. L’espoir est toujours permis dans ce long-métrage, même s’il vaut mieux être averti du sujet avant de pénétrer dans la salle.

Romain Cogitore filme avec beaucoup de poésie, multiplie les plans aériens qui accompagnent ainsi la voix de Déborah François, dissémine des images de synthèse illustrant l’avancée – ou le recul – de la maladie. L’autre continent est à la fois original, tendre et dur. Le jeu des acteurs sonne très vrai et certaines scènes n’en sont que plus déchirantes. Le réalisateur confie avoir eu du mal à trouver son comédien masculin : Paul Hamy est tombé à point nommé, il « avait ce côté enfant-géant, lunaire et un peu fou, susceptible d’infuser de la tendresse, même aux pires moments. Enfin, Déborah et lui matchaient très bien ensemble. C’était capital : on devait absolument croire au couple qu’ils forment ». Grâce à cette complicité entre les acteurs, le spectateur avale tout, compatit, est amusé au départ, par leurs jeux de séduction, puis troublé, bouleversé, anéanti. Plusieurs moments tirent les larmes et, malgré la délicatesse avec laquelle Romain Cogitore a construit son film, ce n’est pas le sourire aux lèvres que ce film se clôt.

L’idée de L’autre continent est venue au réalisateur en parlant avec une femme qui lui racontait son histoire, d’une manière très douce, pleine d’amour, affirme-t-il. Tant d’amour qu’il pensait qu’elle évoquait un disparu, jusqu’à ce qu’il comprenne « que le garçon dont elle parlait n’était pas mort ; mais que c’était un homme dont elle essayait de se détacher… ».

La bande-annonce ici.

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