Dans ce premier tome de la trilogie d’Eustache et Hilda, le frère a neuf ans tandis que la sœur en a quatre de plus. Ils vivent au bord de la mer avec leur sœur, encore bébé, leur père, leur tante et leur nourrice, Minney, et s’amusent en se promenant le long des falaises, en bâtissant des châteaux de sable, en s’occupant du bassin qu’ils ont créé sur la plage et en observant la faune qui s’y ébat parfois – dont la fameuse crevette et l’anémone qui donnent son titre au livre.
Leslie Poles Hartley, alias L.P. Hartley, parvient avec beaucoup de grâce à décrire une relation fraternelle fusionnelle et touchante. La mère d’Eustache et Hilda est morte à la naissance de leur petite-sœur, Hilda ayant ainsi endossé un rôle plus grand qu’elle, petite mère du garçon. C’est dans les pensées de ce dernier que l’auteur anglais s’immisce quoique la narration soit à la troisième personne, ce qui lui permet de donner libre court aux doutes infinis de l’enfant et à ses craintes qui le sont tout autant. Son imagination débordante le propulse ainsi parfois à des lieues de la ville balnéaire où il habite, superposant une réalité cauchemardesque ou fantasmée au microcosme où il grandit.
Au fil des pages, les liens entre les deux héros s’affinent tandis que des catastrophes miniatures bouleversent leur monde à l’orée de ce XXème siècle, la mer paisible en toile de fond. Les flots offrent ainsi à ce roman de 1945 leur lumière et leur atmosphère particulière alors que Leslie Poles Hartley trouve un équilibre étrange entre précision psychologique et innocence enfantine, lequel confère tout son charme à La crevette et l’anémone.
En résonance : La saga des Cazalet d’Elizabeth Jane Howard
Merci aux éditions de la Table ronde pour cette lecture.
Leslie Poles Hartley – La crevette et l’anémone
[The Shrimp and the Anemone – traduit par Corinne Derblum]
La Table Ronde
7 mars 2024 (première édition : 1945)
336 pages
23 euros
Ils/elles en parlent aussi : Doucettement. The unamed bookshelf. Des livres, des livres. Mumu dans le bocage. Tu vas t’abimer les yeux
C’est un beau sujet qui est abordé ici. La couverture est belle. Merci pour la découverte Cécile ! 🙂
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Le titre est singulier et le récit semble effectivement « charmant » … Mais il se passe des trucs quand même ? Je crains les romans trop contemplatifs en ce moment, j’aime bien quand ça bouge un peu !
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Oui, il se passe des « trucs » ! Mais à l’échelle d’enfants 🙂 et charmant, c’est le terme.
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