Oslo, de mémoire, Didier Blonde

Lorsqu’il reçoit une lettre d’une réalisatrice norvégienne, Liv Fure, le narrateur de Didier Blonde, un homme qui pourrait être son double, replonge dans ses souvenirs, dans un Oslo qu’il parcourt en pensées, comme si le plan qu’il avait sous les yeux se superposait à sa mémoire. Il y a passé quelques mois des années plus tôt, dans sa jeunesse et, étonnamment, ce séjour s’était effacé de son esprit. Soudain, comme convoqués par cette phrase en norvégien glissée au bas de la lettre de Liv, un visage flou et une silhouette réapparaissent, ceux d’Inga, une étudiante osloïte chez qui le protagoniste avait alors brièvement vécu, qu’il avait aimé comme on aime à cet âge, sans conséquence mais avec passion. Il tâche de la ressusciter, comme il le fait au quotidien avec les comédiennes des films muets sur lesquels il travaille – Didier Blonde en est lui-même un spécialiste. 

Dans sa missive, Liv lui demande d’être son guide parisien sur les traces d’une artiste norvégienne du siècle dernier, Cora Sandel, à qui l’on doit le personnage d’Alberte, elle aussi au cœur des préoccupations de la cinéaste. Oppressé par ces réminiscences insaisissables, aussi heureux que craintif à l’idée d’avoir une raison de s’y frotter, le narrateur accepte.

Roman à la fois grave et léger, Oslo, de mémoire a quelque chose de désuet dans son ton et dans sa forme, sa désuétude répondant à la femme qu’il essaie de ranimer –, à Cora Sandel, l’objet d’étude de Liv –, mais aussi aux lieux qu’elle a parcourus, et à Paris. Ainsi, cette cartographie mémorielle qui passe par la cartographie géographique tient presque de Patrick Modiano, la persona de l’auteur déambulant ici aussi en quête d’images d’archives et de clichés oubliés, les hôtels d’hier et les cafés de la capitale pour toiles de fond semi-nocturnes, sur les traces de fantômes et de souvenirs.

Merci à Gallimard pour cette lecture.

Didier Blonde – Oslo, de mémoire
Gallimard
4 avril 2024
160 pages
17 euros  

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