Une nouvelle fois après Big Littles Lies et The Undoing, David E. Kelley dissèque un mariage sur le point d’imploser, crée une sorte de planche anatomique d’un couple sous le coup d’un scandale, lui aussi disséqué minutieusement dans toutes ses ramifications, de l’intime à la sphère publique.
Basé sur le livre éponyme de Sarah Vaughan, Anatomie d’un scandale met en scène quatre personnages centraux : un député, sa femme, son ancienne maîtresse l’accusant de viol et l’avocate défendant cette dernière. James Whitehouse, cet homme politique en apparence irréprochable, est ainsi confronté à l’autre, ses actes alors remis en cause, tandis que la série se concentre sur la manière dont les événements peuvent être perçus en fonction du point de vue, rappelant en cela les superbes Choses humaines de Karine Tuil – sans l’égaler, bien sûr. Peu à peu, s’emboîtent les preuves, se confrontent les opinions et les interprétations. Les versions des faits sont subjectives, comme toujours, le spectateur pris à parti, reflet de Sophie qui tâche de lire la vérité dans les faits et sur le visage de son mari.
Les six épisodes oscillent entre le procès qui se déroule lentement, les tensions qui vont croissantes dans le foyer des Whitehouse et des flashbacks brumeux, flous, de la jeunesse de James et de Sophie, comme vus à travers une lentille déformante. Des fantômes du passé resurgissent ici et là dans le présent, dans le tribunal ou directement dans la chambre des protagonistes. Ces artefacts, certes pertinents, sont malgré tout utilisés à l’excès, ce qui souligne le manque de nuances des héros et de certains aspects du scénario. Si Michelle Dockery, connu pour son rôle dans Downtown Abbey, est irréprochable, Sienna Miller est à la fois excessive et trop figée, peinant à trouver un juste équilibre. Quant à Rupert Friend, il est sur la corde raide, toutefois plus crédible que Hugh Grant dans The Undoing.
Outre sa mise en scène glaçante d’un procès pour viol, sa critique de la haute société britannique et de l’impunité des puissants, Anatomie d’un scandale est aussi une dénonciation des dérives des fraternités étudiantes dans les grandes écoles privées anglaises, en l’occurrence, Oxford. Malgré des personnages qui manquent sans doute d’épaisseur, cette minisérie à voir sur Netflix offre une plongée dans le monde politique anglais, dans les coulisses du pouvoir et démêle lentement les conséquences du traumatisme, qu’il soit reconnu comme tel ou non.
De : David E. Kelley, Melissa James Gibson
Avec : Sienna Miller, Michelle Dockery, Rupert Friend
Année : 2022
Nombre d’épisodes : 6
Durée moyenne : 60 minutes
A voir sur Netflix
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Bon j’ai préféré le livre. Il y a des effets de mise en scène un peu spéciaux que je n’ai pas aimés. Et pour le jeu des actrices, je suis d’accord avec toi.
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N’ayant pas lu le livre, je ne peux pas te dire… mais j’ai quand même trouvé marquante la glaçante représentation du procès pour viol. Quant au brouillage de l’objectif et aux étranges reflets formels présent-passé, je comprends que ça ait pu te déstabiliser.
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J’avais bcp aimé ce thriller judiciaire. Je vais tenter la série alors ! Merci pour l’info
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De rien !
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J’ai commencé à regarder, mais l’intérêt n’y est pas. Je pense que je vais donner une deuxième chance.
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Les personnages pourraient être un peu plus creusés mais je trouve la réflexion intéressante malgré tout. Vous me direz !
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je n’ai toujours pas lu le livre… Et pourtant il faisais partie des urgence après avoir refermé « autopsie d’un drame » mais je vais bien finir par y parvenir 🙂
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Je n’en doute pas 😉
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