Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes d’effort
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes ou le temps moyen pour courir un marathon. À soixante et soixante-quatre ans, Serenata et Remington sont maris et femmes depuis des décennies et ont surmonté de nombreuses épreuves, mais le pire semble à venir. Jeune femme, Serenata était une véritable pile électrique, courant, sautant et pédalant à la moindre occasion : aujourd’hui, son corps lui dit stop et son arthrose aux genoux ne lui permet plus de faire ses seize kilomètres quotidiens – à peine de continuer à se déplacer à vélo. Remington, lui, vient d’être licencié et doit se trouver une occupation. Il décide ainsi de se mettre à la course à pied, et même, au marathon, provoquant la jalousie grandissante de son épouse.
Lionel Shriver, sarcastique et mordante
Lionel Shriver, femme de lettres américaine née en 1957, s’intéresse à l’entrée progressive dans le troisième âge, ou plutôt à la manière dont hommes et femmes abordent ce tournant de leur vie. Bavard et souvent mordant, ce roman accuse cependant de nombreuses longueurs et se traîne, finissant par tourner en rond malgré la réflexion très pertinente qu’il propose sur notre société où l’effort et la surenchère ont désormais la côte. L’auteure s’attaque également à la bien-pensance qui est désormais l’apanage de notre monde, ne critiquant pas tant le respect mutuel que le pointillisme dont fait preuve la nouvelle génération à l’égard de certains termes, sa promptitude à condamner les hommes blancs de plus de cinquante ans sans éléments pour étayer ce jugement. Elle s’acquitte de cette tâche avec intelligence et flirte plusieurs fois avec la caricature pour pointer du doigt certains des excès de cette néanmoins indispensable bienveillance envers les minorités. La focalisation interne laisse la scène aux pensées de Serenata, à son ton sarcastique et à sa défiance vis-à-vis de la nouvelle passion de son mari qui, non content de courir quarante-deux kilomètres, décide bientôt de s’entraîner pour le triathlon quand elle-même peut à peine marcher.
Ainsi, raccourci d’une centaine de pages, Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes aurait été une réflexion convaincante et plus percutante sur notre rapport à la vieillesse et au corps, à l’autre et à nous-même. C’est aussi, et malgré tout, un touchant instantané de deux personnes qui prennent de l’âge côte à côte.
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes est en lice pour le grand prix de littérature américaine 2021.
Merci aux éditions Belfond et à NetGalley pour cette lecture.
Lionel Shriver – Quatre heures, vingt-deux minutes et dix huit-secondes
[The Motion of the Body Through Space – traduit par Catherine Gibert]
Belfond
19 août 2021 (rentrée littéraire 2021)
384 pages
22 euros
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J’avais tellement aimé « Il faut qu’on parle de kevin » (le film est exceptionnel aussi) que j’étais toute contente de me procurer celui-ci… ma joie fut de courte durée, quel ennui !
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C’était une découverte mais effectivement, je me suis ennuyée malgré le ton acerbe et le cynisme qui m’ont parfois fait sourire !
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Il faut qu’on parle de Kévin m’attend, je commencerai par celui-là pour découvrir l’auteure.
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Je réessayerai peut-être avec celui-ci. Je crois qu’il avait autant divisé l’opinion !
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L’histoire de celui-ci ne me disais rien. Son précédent roman était pourtant réussi. 😊
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Je n’avais jamais lu de livres de cette auteure, mais sa réputation m’a fait craquer pour celui-ci… la réflexion est intelligente et le propos pertinent, mais le rythme reste trop poussif à mon sens.
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Je reste malgré tout tentée, pas pour un achat immédiat, mais pour l’emprunter plus tard en médiathèque… Le(s) sujet(s), l’âge des protagonistes, ça me parle !
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C’est le genre de romans qu’il faut emprunter, effectivement, quitte à passer quelques pages ! Et même en ayant 22 ans, la pertinence du propos saute aux yeux 🙂
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Je viens de commenter sur le site de Hop sous la couette qui l’a bien aimé et je viens d’ailleurs de le recommander à mon fils qui est un fou du running 🙂
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Disons que les sarcasmes sont généralement assez bien vus et pertinents, de même que la réflexion générale, mais le roman reste assez poussif 🙂
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Ah, pour la première fois, j’émets un avis discordant ! J’ai terminé ce roman hier et je ne me suis pas du tout ennuyée, je l’ai trouvé plutôt percutant bien que caricatural et même touchant. Peut-être parce que j’ai exactement le même âge que l’auteure et que l’arthrose des genoux ça me parle !
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Peut-être ! Je ne nie pas qu’il est parfois touchant et souvent juste, mais j’ai trouvé l’ensemble trop long… il fallait bien que nous soyons en désaccord sur un livre 😉
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Merci pour le lien !!! Pfffff qu’il était long et lent ce roman… beaucoup d’ennui pour ma part !
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Je t’en prie !
Je suis moins négative que toi mais je me suis ennuyée également…
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J’étais tentée mais votre avis mitigé et ceux des précédents commentaires me font hésiter.
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Je pense que ce n’est pas le roman incontournable de cette rentrée littéraire, malgré quelques scènes savoureuses. Avec 150 pages de moins, il aurait être plus percutant et davantage rythmé à mon sens.
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je n’ai pas eu envie de me laisser tenter d’abord parce que le dernier m’ déçue et ensuite parce que je fais partie de seniors et que la vie de tous les jours est suffisamment compliquée comme ça…. Donc tout sauf le 3e âge même le procès de Barbie et Chalandon sont plus tentants 🙂
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Haha je te comprends, effectivement ! Certaines ohrases sont bien senties mais je me suis quand même ennuyée malgré tout…
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Je ne l’ai pas fini ! Poussif, il ne m’a pas du tout inspirée et comme entre temps, j’ai commencé Carmen Maria Machado et que je suis accrochée, j’ai laissé Shriver.
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Je suis d’accord, il est poussif malgré quelques réflexions très pertinentes sur notre société… alors, le Machado vaut le détour ?
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Oui, intense, érudit. Assez remarquable
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Je le note alors, merci !
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