Un garçon magnifique entre Paradis et Enfer
Entre Inde et Birmanie, au large, flotte un archipel égayé par la couleur amazonite de l’océan. Claire et Shep se réfugient sur ces îles Andaman dans les années 1930, fuyant une histoire familiale sombre et source de souffrance chez l’un comme chez l’autre. Il est médecin tandis qu’elle veut être anthropologue : elle le suit sans même finir ses études ou évoquer avec l’université son projet d’études des Biya, tribu fictive inspirée des Aka-Bea. Sur ce paradis, la pluie tombe, la touffeur de la jungle frise les mèches de cheveux et perle la peau, les orchidées embaument. Shep croit en la médecine botanique et se renseigne, étudie des spécimens floraux pour aider à soigner les Britanniques, les Indiens et les Birmans qui cohabitent dans cet archipel anglais, ancienne colonie pénitentiaire où furent envoyés les insurgés de la mutinerie de Sepoy en 1857, luttant déjà pour l’indépendance de l’Inde.
Si le soleil et les vagues font de ce lieu un écrin de douceur qui abrite Claire, Shep et leur nouveau-né, Tyler alias Ty, la guerre menace d’éclater. Les locaux sont pour beaucoup partisans des Japonais, voulant récupérer leurs terres, voir les Britanniques déguerpir… Lorsque le jour de l’évacuation arrive, Naila, la fille adolescente des domestiques du couple enlève Ty, ce garçon magnifique victime du syndrome d’Einstein, toujours muet mais bien plus éveillé que certains jeunes enfants, avec qui elle entretient une relation spéciale et exclusive.
La sensibilité d’Aimee Liu
Aimee Liu crée son récit de toutes pièces mais s’inspire de l’histoire de ces îles, offrant une vraie incursion dans la Guerre Pacifique, vécue du côté civil. Quelques lettres et extraits de journal intime viennent rythmer la narration, elle-même scindée en plusieurs parties, alternant le récit de Naila, celui de Shep puis de Claire, tous trois étant finalement séparés à cause de la jeune fille et de son amour pour l’enfant. L’auteure parvient à faire naître tout un monde sous l’ombre rassurante de Kipling, à donner vie à la forêt tropicale, aux natifs qui y vivent cachés et à la plage, à mêler ode à l’amour maternel et roman documenté sur le golfe du Bengale où cohabitent des hommes et des femmes d’horizons opposés. Parfois trop hachée et accusant de nombreuses ellipses, la construction dessert l’ensemble, mais Le garçon magnifique reste un livre poétique vibrant et plein d’humanité.
Merci aux éditions Mercure de France qui en contribuant à enrichir aVoir aLire ont également contribué à enrichir Pamolico.
Aimee Liu – Le garçon magnifique
[Glorious Boy – traduit par Johan-Frédérik Hel Guedj]
Mercure de France
9 septembre 2021 (Rentrée littéraire 2021)
480 pages
25,80 euros
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j’hésite un peu…
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Le voyage est réussi, Aimee Liu recrée une vraie atmosphère, mais le roman n’est pas exempt de défauts, notamment au niveau de sa construction. Ceci dit, je pense qu’il te plairait.
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Un livre qui doit être singulier. Je note une certaine réserve sur ce livre de ta part. Tes photos de livres sont toujours très belles ! Celle-ci est vibrante de poésie. Passe un beau weekend Cécile, merci pour ce beau retour 😊
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Merci beaucoup ! Légère réserve en effet, mais j’ai apprécié le dépaysement et l’humanité qui se dégage de l’histoire malgré tout 😊
Merci à toi et bon week-end également Fred
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