Au nom du bien, Jake Hinkson

Au nom du bien, le commun des mortels peut commettre les pires méfaits. Au nom du bien ou de ce qu’ils pensent être le bien. Ou au nom de leur propre bien…

Stock est une petite ville de l’Arkansas où tout le monde connaît tout le monde, où les secrets ne restent secrets jamais bien longtemps. L’hypocrisie et la foi de façade sont la règle – faire bonne figure, prétendre et paraître. Richard Weatherford est pasteur et il veille sur tout ce petit microcosme de conservateurs, épaulé par son indéfectible Penny et par leurs cinq enfants, tous (ou presque) vouant un culte immuable aux républicains : ce sera Trump plutôt qu’un démocrate, plutôt mourir que de donner sa voie au parti d’Obama. Sauf que Frère Weatherford, comme l’appellent ses ouailles, dissimule de bien lourds péchés… Il se convainc de leur caractère exceptionnel et ceux qu’il persuade grâce à ses sourires d’apparat ne tarderont pas, pour certains, à deviner que l’ombre se cache derrière son visage affable. Les masques tomberont – mais pas tous. Des menaces pèsent sur lui, et une dangereuse chaîne de cause à effet pourrait bien se mettre en branle pour protéger les apparences. Laisser croire que tout va bien et que tout est vierge de reproche, préserver sa réputation, voilà qui compte par-dessus-tout à Stock, bien plus que de faire le bien. Dieu nous pardonnera.

Jake Hinkson signe un roman choral grinçant et virtuose. Portant un regard plein de cynisme sur la Bible Belt, il déboulonne les mythes d’un puritanisme immaculé et asperge de sang la robe de ces pasteurs hypocrites et les tenues pastel de leurs fidèles du dimanche qui cherchent à se rassurer, à se leurrer, loin de toute réalité trop effrayante. Adoptant tour à tour la voix de l’un des acteurs du drame qui se noue peu à peu, l’auteur parvient à insuffler un rythme haletant à son roman, à varier les tons et à pénétrer la psychologie de ses personnages avec brio.

Merci aux éditions Gallmeister qui, en contribuant à enrichir le site d’aVoir aLire, ont également contribué à enrichir Pamolico.

Jake Hinkson – Au nom du bien
[Dark County – traduit par Sophie Aslanides]
Gallmeister (totem)
Septembre 2020
336 pages
10 euros

Ils en parlent aussi : Miriam, Bookiners, C’est en quelle salle, Bib bazar, Actu du noir, Black novel, Des livres et Sharon, The cannibal lecteur, Plumes et pinceaux, Lottes of books, Livr’escapades, Lettres exprès

12 réflexions sur “Au nom du bien, Jake Hinkson

  1. Ping : Les mangeurs d’argile, Peter Farris – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries

  2. Maximelefoudulivre

    Salut Ceciloule,

    En lisant cette critique, je m’étais dit qu’il fallait que je lise ce livre.
    Bingo, j’ai apprécié la construction (histoire en continu, vision de chaque personnage…) et le fil rouge de l’histoire (les péchés cachés du pasteur adoré par une grande partie de la communauté).

    Pas de retour en arrière, simple à suivre en entrant dans la tête de différents personnages.

    J’ai adoré 🙂

    Bonne journée

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