Phrases courtes puis phrases longues, énoncés prosaïques puis métaphores, poésie rythmée puis onomatopées et jurons, joie intense puis douleur cuisante. Des kilomètres à la ronde raconte la France rurale des années 1990, la jeunesse désœuvrée dont l’ennui est le pire ennemi. La narratrice, « la bourge », passe ses étés à L. chaque année, retrouve avec un plaisir chaud sa bande. « Les autres » comme elle les appelle. Il y a Mallow et puis Reno, Phil, Chuck et Buddy, et puis Jimmy. Et les visages qui gravitent autour d’eux. Les après-midis au bord de l’étang, allongés dans l’herbe dans les nuages formés par la fumée des cigarettes, écroulés sur le canapé de Chuck devant la PlayStation. Ses meilleurs souvenirs. Ils se rencontrent à quatorze ans, font les quatre-cents coups, dévalent la pente du village en caddy, avalent le bitume en faisant chauffer leurs pneus. Se battent. Fument. Boivent. Rient. Et puis, fin août, tous les ans, le déchirement. La séparation pour mieux se retrouver en juillet, à la réouverture de la maison de famille. Jusqu’à. La lente déchirure, l’éloignement, la lettrée, la « lettreuse », et les fêtards lassés, blasés par la vie dans ce village qui les ennuie. Pourtant, aucun ne part, tous tournent en rond, se battent contre le vent et la routine qu’ils ne font qu’entretenir.
Presque résumé à la manière de Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, Des kilomètres à la ronde n’a pourtant pas la même tonalité sombre et triste, à la limite du lugubre. Le premier roman de Vinca Van Eecke est baigné d’une lumière douce et chatoyante, celle des étés regrettés, des souvenirs illuminés et embellis par les années, de l’adolescence qui se passe aux côtés d’inoubliables silhouettes devenant ombres alors que le temps s’écoule et que la distance se crée. L’amitié qui bâtit cette jeunesse désabusée, l’amour et les premiers sentiments brûlants, le blé coupé et les soirées interminables, les souffrances camouflées qui éloignent, séparent, divisent.
Un coup de cœur de cette rentrée littéraire 2020, publié aux éditions du Seuil.
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Je le note. Merci
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Avec plaisir ! Il mérite vraiment d’être lu.
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J’aime le thème, c’est un des titres qui me fait très envie…
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Alors n’hésite plus parce que c’est vraiment l’une des pépites de cette rentrée littéraire.
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En lisant le début de la chronique je me suis dit que cela me rappelait beaucoup comme tu le dis le roman de Nicolas Mathieu mais certains détails annoncés évoquent certains souvenirs chez moi alors pourquoi pas 😉
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C’est un très beau roman, beaucoup moins lugubre que celui de Nicolas Mathieu (qui m’avait plu malgré tout) 🙂
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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