Elias est fils de magnétiseur. Depuis tout petit, cet héritage pèse sur ses épaules, il fait avec, endure les exercices imposés par celui qui l’élève. Il vit son enfance dans l’ombre, l’ombre des paroles de son père, de ses discours angoissants et peu compréhensibles, troubles, de ses diatribes sur les ondes scalaires, de ses prophéties inquiétantes et de ses absences dans la cabane au fond du jardin. Tout ce qu’il sait, c’est que ses ondes sont négatives, qu’il doit s’en « libérer », c’est qu’il a un brocard pour animal totem. Alors il peint son autoportrait en chevreuil, raconte, repense à son passé et le mêle au présent de sa rencontre avec Avril. Le temps qui passe a adouci les angles de sa mémoire, a poli les clichés vieillis qu’il repasse dans sa tête. Les brèves entrées datées du journal d’Avril prennent ensuite le relai, donnant une autre image d’Elias, de cet homme étrange et blessé, marqué à jamais par son enfance atypique auprès de ce père bizarre, de sa belle-mère silencieuse et de son petit-frère « montagne » – et par l’accident. Enfin, la dernière dizaine de pages est consacrée au monologue de ce médium qui parle trop, qui explique, justifie, se confie.
Autoportrait en chevreuil s’inscrit ainsi dans une volonté d’aborder des thèmes lourds – la relation d’un père et de son fils, le besoin de s’émanciper, de s’éloigner de l’influence et des mots blessants de cet homme qui lui fait un peu peur – mais dans un style léger et décalé, à la fois terre-à-terre et aérien. En cela, il est le digne (et seul) représentant de Finitude en cette rentrée littéraire 2020, maison d’édition dont le catalogue avait déjà abordé l’enfant qui pousse de travers avec En attendant Bojangle. Autoportrait en chevreuil, livre touchant, est né du hasard, d’une rencontre bretonne étonnante. Victor Pouchet, en croisant la route d’un médium au pied de dolmens, a choisi de raconter l’histoire imaginaire de son fils imaginaire. Avec des mots ascétiques et percutants, des phrases prosaïques et répétitives, pleines d’une douce et réaliste simplicité, l’auteur signe un deuxième roman où l’action est comme ralentie, assourdie, un roman tendre et lent qui a la maladresse touchante des débuts – sans pourtant être un coup d’essai.
Merci aux éditions Finitude qui, en contribuant à enrichir aVoir aLire, ont également contribué à enrichir Pamolico.
Crédits photographie : l’article du Guardian sur Bas Jan Ader
Ils en parlent aussi : Julie à mi mots, Lilylit, Les lectures d’Antigone, Les livres de George, Born to be a livre, Les mots de la fin, Thomas Louis, Littécritiques, Un plaid un thé des livres, Croq’mots, Livrissime, Mes aventures livresques, Madame regarde
J’aime beaucoup ta chronique !
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Et moi la tienne !
Merci 🙂
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Belle couverture, un titre qui interpelle, et un contenu troublant : il n’en faut pas davantage pour aiguiser ma curiosité.
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Je suis ravie de te l’avoir signalé ! Comme je le disais, c’est un roman un peu maladroit mais touchant, pas le coup de cœur de la rentrée littéraire mais une lecture étonnante.
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Le titre et la couverture sont vraiment intrigants Je note, merci pour ce partage! Belle journée
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C’est un roman intrigant, c’est le mot, en effet. Pas un coup de coeur mais un livre touchant ! Belle journée également
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Si l’occasion se présente je tenterai 😉
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Merci pour le partage ! Joli papier, j’ai beaucoup aimé ce livre, pour l’instant c’est même ce que j’ai préféré de mes lectures de rentrée.
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Merci à toi 🙂 ah je n’irais pas jusque là, moi c’est même presque l’inverse !
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Ah il faut que j’aille voir ce que tu as lu d’autre alors !
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Tu peux retrouver les autres titres ici : https://pamolico.wordpress.com/les-rentrees-litteraires/ même si je n’ai pas encore tout mis en ligne 😉
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Merci, je vais regarder !
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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