Ce roman – en est-ce vraiment un ? Jean-Paul Enthoven l’affirme – est écrit à la première personne d’un bout à l’autre. Enchâssée d’un prologue et d’un épilogue, l’histoire en elle-même a supposément été confiée au personnage-éditeur ayant rédigé les deux appendices – peut-être l’éditeur que fut Enthoven ? – pour qu’elle soit publiée anonymement. Les hautes sphères de notre monde s’ouvrent alors au lecteur qui pénètre dans le quotidien d’un ancien du Quai d’Orsay. Entre Italie, mer étale et soleil de plomb, appartements à l’atmosphère secrète et à la lumière tamisée, le second narrateur suit la silhouette gracile d’une femme fatale et s’efforce de comprendre ce qui plaisait à Blanche… Il critique abondamment Lamartine et les autres Romantiques mais l’auteur s’inscrit pourtant dans leur lignée, « sculpte de la pâte d’amandes » (page 106 de l’ebook) et en enrobe orgies et réflexions pseudos philosophiques relatives à une vie de vices. Soixante-six chapitres pour le diable, soixante-six divagations et autres dialogues plus ou moins absurdes avec des instances aussi étonnantes que la mort, le spectre d’Aragon ou celui du père du narrateur, et autres réparties sur la liberté sexuelle et les considérations diaboliques que cette dernière implique.
Dans un style relativement poussiéreux et emprunté, Jean-Paul Enthoven déroule son récit à l’érotisme prévisible et lassant, le jalonne de noms célèbres laissant penser qu’il s’inspire de la hardiesse licencieuse de Baudelaire ou d’Octave Tassaert tout en soulignant son esprit lettré à grand renfort de vers et de références à Spinoza et à Benjamin Constant, à la Blanche d’Aragon et à Nancy Cunard, muse de tous les artistes des années folles, de Tzara à Joyce, de Man Ray au « Fou d’Elsa ». La quatrième de couverture faisait s’attendre à une passion brûlante, à un amour douloureux, à l’image du résumé énigmatique de Ça raconte Sarah ou de celui de Douce – à la place, mièvreries douteuses et dionysiaques, récit terne et lascif sans grand intérêt, usant et abusant des points de suspension.
Merci aux éditions Grasset et à NetGalley pour cette lecture.
21 réponses sur « Ce qui plaisait à Blanche, Jean-Paul Enthoven »
J’ai eu la mauvaise idée de l’acheter… Répétitif, érotisme poussif, pédant et on se fout très vite de ce qui plaisait à Blanche.
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Je suis ravie de voir que quelqu’un a eu le même ressenti que moi… et pourtant le roman est de toutes les sélections !
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Voici une critique franche et sans détour !
Je sens que je ne lirai pas ce bouquin, vous m’avez convaincue 🙂
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Au moins je vous ai évité un détour littéraire pas indispensable… 🙂
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Oui et j’apprécie ! Merci beaucoup 🙂
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Pas de souci 😉
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Je ne pensais pas le lire. Et tu confirmes que cela n’en vaut pas la peine
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La quatrième de couverture m’avait vraiment intriguée et je n’ai jamais (rarement) été déçue par les publications de Grasset… c’est l’exception qui confirme la règle.
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Comme je suis ravie de ne pas l’avoir demandée ! Désolée 😉
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Tu as bien raison d’être ravie, ne t’excuse pas 😉
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J’avais pas beaucoup d’attirance et bien maintenant plus du tout 😉
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Je comprends 😉 l’auteur va me haïr, il n’y a aucune critique en ligne en plus…
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Il est dans ma PAL. Tu me donnes tellement envie !!!! 🙈Du coup, j’appréhende. 🤗
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Ah, toutes mes excuses… dis toi qu’il est plutôt court ?
Disons que parmi toutes les lectures excellentes de la rentrée littéraire, celui ci détonne dans le mauvais sens…
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Ça ne me rassure pas du tout, ceciloule. 🙈😀 C’est vrai que pour l’instant, je n’ai pas vraiment été déçue par les romans de la rentrée littéraire. Peut-être que là, ce ne sera pas le cas…
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J’ai hâte de lire ton avis en tout cas !
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Aïe… Après avoir abandonné tout espoir d’apprécier Raphaël, je ne suis pas tenté de lire le père suite à ta chronique. Tant pis, il y a tellement d’autres lectures !
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Je me doute… et oui, je te conseille de te consoler dans l’une des merveilles de cette rentrée littéraire !
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Tu n’y vas pas avec le dos de la cuillère à soupe !
Une chronique sans concession comme on les aime.
Cela me donne envie, malgré tout, d’aller jeter un œil du côté de l’écriture poussive d’Enthoven père 😉
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Haha, en effet ! Je n’ai vraiment pas accroché donc je ne me voyais pas faire semblant, surtout que quand on reçoit un service de presse c’est aussi pour être honnête. J’ai été très déçue, je ne m’attendais pas du tout à ce type de livre et du coup… voilà 😅
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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