Passé imparfait, Julian Fellowes

Julian Fellowes, scénariste de Downton Abbey, excelle décidément à décrire l’aristocratie britannique. Dans Passé imparfait, il s’attarde sur les ravages du temps, sur les changements irrévocables subis par sa classe sociale depuis la fin de la guerre et jusqu’aux dernières années du siècle passé. Le narrateur qui restera sans nom, à soixante-ans, est confronté brutalement à sa jeunesse, aux événements qui ont alors chamboulé sa vie, forcé de renouer avec les relations qu’il avait et qui se sont dissipées, distendues avec les années. En effet, un vieil ennemi, Damian Baxter, est mourant et le demande à son chevet : il le missionnera pour une quête étrange et prenante qui ne sera pas sans irrémédiablement bouleverser plusieurs destinées.

C’est d’une époque dont il est question, ou plutôt de plusieurs, de la manière dont l’écoulement des années influe sur une vie, sur une classe sociale, sur une personnalité. Entremêlant passé et présent, taffetas et satin, soie et cœurs blessés, Julian Fellowes fait renaître l’aristocratie anglaise du siècle dernier, les bals des Débutantes, la fin de l’heure de gloire des Lords et autres Ladies. Ronde infernale, ce roman semble imiter la construction floue et brouillée d’un bal, les corps qui se frôlent, les différents protagonistes qui se croisent, les rires de convenance qui meurent sur les lèvres. Parfois compliqué à suivre, tombant souvent dans des longueurs inutiles et des digressions, principalement sur l’aristocratie, Passé imparfait laisse le lecteur étourdi, comme après un verre de trop suivi d’une danse. Les tons surannés, passés, que l’auteur s’attache à donner à son histoire, les échos avec sa propre vie, ne suffisent pas à nous guider : le partenaire n’est pas à la hauteur et nous laisse nous prendre les pieds dans le tissu soyeux de notre robe. Les dernières cent pages redonnent du piment, de l’intérêt au livre, parviennent à nous rattraper juste avant la chute inévitable pour nous insuffler le désir de tourner les pages. Quelques passages sont cocasses et savoureux, mais l’ensemble reste très embrouillé – peut-être à l’image des souvenirs de l’auteur qui confie avoir puisé dans sa propre jeunesse pour écrire Passé imparfait.

Les éditions 10/18 en parlent ici

Ils en parlent aussi : Douceur du livre, Le journal de Queen Gladys, Le livre d’après, Ma bibliothèque idéale

13 réflexions sur “Passé imparfait, Julian Fellowes

  1. il est pour moi! (il est déjà dans ma PAL il me semble) j’ai adoré « Downton Abbey » et tout ce qui tourne autour de l’aristocratie britannique la société britannique dans son ensemble 🙂
    j’ai envie de tenter « Belgravia » mais il semble avoir eu moins de succès chez les babeliotes:-)

    Aimé par 1 personne

    1. La littérature anglaise me plait aussi généralement et ça faisait un moment que je voulais lire Julain Fellowes. Jamais vu Downton Abbey et jamais rien lu d’autre de lui mais pourquoi pas ! Les longueurs et le trop plein de personnages ne m’ont pas empêché de plutôt apprécier ce roman 😉

      Aimé par 1 personne

  2. Ma femme, très fan de Dowtown Abbey et du film d’Altman Gosford Park, avait beaucoup apprécié ce livre.
    Pour ma part, ma rencontre avec Fellowes s’est faite récemment à travers The English Game, série sur l’invention du football dans l’Angleterre industrielle du XIXeme siècle. Très bien réalisée mais chargée en pathos tout de même.

    Aimé par 1 personne

    1. Ce roman a un charme certain mais il aurait gagné à perdre un ou deux personnages je trouve. Le lecteur se perd un peu (même si c’est peut être le but).
      Ah je ne savais pas que le scénario était de lui ! J’avais prévu de regarder mais j’ai lu des mauvaises critiques donc remis à plus tard… et pour le reste, je suis en retard ! Downton Abbey m’attend 😉

      J’aime

Laisser un commentaire