Hommage à la langue de Molière (1144 livres, Jean Berthier)

L’écriture témoigne d’une très grande maîtrise de la langue – peut-être même est-elle légèrement trop ampoulée mais le style va bien avec l’histoire et avec le personnage. Toujours est-il que ces longues phrases aux tournures semblant parfois saugrenues apportent une certaine poésie au roman – mais est-ce réellement un roman ? Est-ce que ce postulat de départ – une mère lègue, à sa mort, 1144 livres à son fils qu’elle n’a jamais connu, ayant accouché sous X – suffit comme base à une histoire complète et construite ?

1144 livres est tout en simplicité et offre « un moment d’ailleurs » dans une chambre d’hôtel au milieu d’œuvres littéraires méconnues du lecteur pour la grande majorité. C’est d’ailleurs dommage que ces livres ne soient pas des titres moins anecdotiques, ils auraient pu aider à reconstituer la mère du narrateur, à en esquisser certaines caractéristiques – même si ce dernier affirme en tant que bibliothécaire ne pas pouvoir réduire une personne à ses lectures, allégation que d’aucuns remettront en question, tout comme d’autres des avis très tranchés de ce protagoniste.

Notons donc l’intérêt de la réflexion générale malgré le fait que l’histoire soit bien maigre. L’idée de base tenait pourtant du génie et aurait mérité plus : des personnages plus attachants et plus construits, un récit plus aboutie.

En bref, il manque quelque chose à 1144 livres pour qu’il reste réellement dans les mémoires mais ce petit livre sans prétention change des romans habituels – tant par son format que par son histoire peu développée, et ce parti-pris de simplicité contrastant avec la langue utilisée. La langue de Molière, voilà le sujet de ce livre : lisez-le pour les bons mots de Jean Berthier, pas pour vous évader.

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