Le réalisme magique de Burton (Dumbo, Tim Burton)

Ce en quoi Tim Burton excelle, encore une fois, c’est en la création d’un univers et d’une atmosphère fantastique, hors du temps et de l’espace réel tout en y étant rattachés. Après Alice et cette magie imprégnant chaque parcelle du pays des merveilles, nous sommes là transportés aux États-Unis dans les années 1920, entre les paillettes, le grandiose, l’exotique et les animaux. Le petit cirque de Max Medici voit revenir Holt Farrier, le célèbre dresseur de chevaux, un bras en moins et l’esprit marqué par l’horreur de la première guerre mondiale. Ses enfants, Milly et Joe, ne savent pas trop comment se comporter à son retour, et souffrent de l’absence de leur mère, morte tout récemment d’une épidémie qui a ravagé les artistes du cirque. Économiquement, la compagnie est au plus mal, mais cela n’a pas empêché Max d’acheter une éléphante, Mme Jumbo, qui est à deux doigts de mettre bas. Holt, privé de ses chevaux qui ont été vendus, devra s’en charger. Malheur, elle donnera naissance à un éléphanteau monstrueux, aux oreilles surdimensionnées. Sauf que ce petit bonhomme va pouvoir sauver le cirque : il sait voler !

Le campement du Medici est plus que réaliste, tout comme les numéros un peu piteux de ce cirque, et la monstration de l’ailleurs, du bizarre, ayant alors la cote dans les années 20. Là où le talent de Tim Burton a pu s’exprimer le mieux, c’est dans l’élaboration du parc d’attractions Dreamland, mêlant l’île des cauchemars, un énorme chapiteau fantastique, d’autres univers encore, un public émerveillé et des artistes impressionnants. Plus de huit cents figurants ont été réquisitionnés pour la scène la plus grandiose, les images de synthèse (utilisées pour tous les animaux) sont impressionnantes de réalisme, les costumes sont plus vrais que nature (grâce à Colleen Atwood, à laquelle on doit les vêtements des acteurs dans Les animaux fantastiques et Alice de l’autre côté du miroir), les chorégraphies sont millimétrées à la perfection (grâce à Kristian Kristof, dont la famille est dans le milieu circassien depuis quatre générations)… On retiendra notamment la danse des bulles en forme d’éléphants roses, apogée de ce film d’après moi.

Les effets spéciaux sont faits d’une telle façon que l’on apprécie le film dans son ensemble sans jamais remarquer leur usage (on le devine bien sûr mais tout est fait en finesse).

Eva Green (qui en est à sa troisième collaboration avec le réalisateur) est d’une beauté légère qui convient parfaitement à la Reine des Etoiles qu’elle interprète. Colin Farrell donne vie à un Holt à la fois tendre et dur, mais toujours droit dans ses choix bien que maladroit à bien des égards. C’est donc sans regret que Tim Burton a renoncé à d’autres acteurs (comme Will Smith), trop occupés à d’autres projets. On notera cependant l’absence de Johnny Depp, pourtant habitué des castings de ce réalisateur.

Les aventures de l’éléphant et de la compagnie, outre la véritable prouesse technique réalisée par Tim Burton, permettent de dénoncer la maltraitance animale. Quand le dessin-animé Disney original est paru, en 1941, le sujet était bien moins brûlant qu’actuellement. Aujourd’hui, les petits cirques itinérants sont de moins en moins prospères, des villes leur ont interdit de s’installer en leur sein, le célèbre cirque Barnum a dû fermer boutique il y a deux ans à cause de son show presque entièrement basé sur la présence d’éléphants… autant dire que le Dumbo de Burton tombe à point nommé. Les héros défendront bien sûr les animaux, et tâcheront de les rendre les plus heureux possible, s’opposant aux opportunistes cupides, à ceux qui n’ont en tête que les bénéfices et qui ont des dollars plein les yeux.

Un beau film, aux effets spéciaux soignés et fins et où la magie imprégnée de réel de Burton colore chaque plan. Un reproche, peut-être un peu trop long ?

La bande-annonce ici 🙂

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