On prend Leila Bekhti que l’on transforme en avocate qui a réussi à sortir de sa banlieue, Edouard Baer que l’on habille en rockeur militant, on les met ensemble dans une maison à Bagnolet avec deux enfants, on mélange… et on obtient La lutte des classes.
Sofia et Paul ont emménagé là quelques années auparavant, à deux pas des immeubles de la cité. Sofia y a passé sa jeunesse et retrouve avec plaisir cette banlieue où il fait plutôt bon vivre et ce malgré les différentes communautés qui cohabitent. L’école Jean Jaurès où va Coco, leur fils, et ses amis est le repère de cette mixité appréciable et, en gauchistes fiers c’est l’une des raisons pour lesquelles ils ont choisi cet endroit pour l’éducation de leur fils. Sauf que, comme le soulignera Paul, « la mixité, pour que ce soit de la mixité, il faut que ce soit de la mixité ». Or, après un malheureux incident incluant une paire de ciseaux, une victime et un bourreau de CM1, Corentin se retrouve à être le seul blanc de l’école. Ramzi Bédia, qui joue le directeur, a de plus en plus de mal à faire face aux coupes budgétaires et aux nouvelles bêtises de ses élèves, tandis que la maîtresse de Coco (Baya Kasmi, la scénariste) et sa sur-émotivité ont fort à faire face aux fortes-têtes. Alors Sofia et Paul se retrouvent face à un dilemme : faut-il trouver une autre école à Corentin qui est raillé par les autres parce qu’il ne croit pas en Dieu et ira donc en Enfer ? Ou alors est-il plus judicieux de l’aider à s’intégrer ?
Ce questionnement entraînera des disputes dans le couple, des bouderies de la part de leur fils et des crises de sa demi-sœur rebelle (peut-être un peu trop absente d’ailleurs ?).
Le réalisateur, Michel Leclerc, et la scénariste, Baya Kasmi, se sont réellement trouvés dans cette situation en 2015, et cela explique sans doute la justesse de certaines scènes. Michel Leclerc aime confronter la gauche avec ses contradictions (Le Nom des gens et Télé Gaucho), et il explique que « croire dans (ses) valeurs nous met parfois dans des situations impossibles », ce qui résume somme toute assez bien son film.
Edouard Baer en « vieux punk sympathique » est juste à tomber. Il frise souvent l’excès mais trouve toujours un moyen de se rattraper en nous faisant sourire. Le réalisateur en a fait son allégorie du gauchiste un peu perdu dans le monde d’aujourd’hui et parvient à dénoncer certaines absurdités sans rien ôter à la sympathie de Paul. Il confie d’ailleurs que « c’est une grande règle du casting, plus un comédien est sympathique, plus le personnage peut avoir de défauts. »
La première partie du film est très réussie. Le cliché social n’est pas loin mais on ne tombe jamais complètement dedans et certains passages sont réellement des scènes d’anthologie qui ne peuvent que faire rire – dommage que la bande-annonce en montre un peu trop… On se demande malgré tout où nous emmène le réalisateur quand Edouard Baer se met à danser avec Leila Bekhti et que des close-ups sur les visages nous font penser à du Xavier Dolan bas-de-gamme mais on oublie vite cette scène assez plate pour recommencer à rire.
Là où ça dérape, c’est dans la seconde moitié de La lutte des classes, sans parler de la fin, carrément abracadabrantesque. On n’est pas contre un peu de fantaisie mais c’est dommage de clore une comédie qui marchait bien, qui n’en faisait pas trop, sur cette note ubuesque.
Un avis en demi-teinte donc. Fin décevante mais début top (évitez quand même de regarder le teaser avant de voir le film).
« La Lutte des classes » de Michel Leclerc, auteur déjà du beau film « Le Nom des gens »…
Comment, quand on est de gauche, enfin, je veux dire, vraiment de gauche, ou anar tendance rebelle, mettre en adéquation ses idées avec la réalité et, plus particulièrement ici, comment ne pas mettre ses enfants dans une école privée bien propre sur elle plutôt que dans une école de banlieue qui scolarise à 95 % de jeunes Français d’origine noire ou arabe et de milieux sociaux défavorisés? En gros, voilà ce que raconte le film…
Michel Leclerc annonce une petite comédie familiale bien classique. Euh… Oui… Si l’on veut… Alors, c’est vrai que l’on sourit, que l’on rit même parfois, mais, par le sujet traité, il s’agit surtout d’un film politique, qui dresse un portrait particulièrement bien vu d’une lutte des classes avec le jeu de mots qui va avec, en d’autres termes, dans quelle maternelle dois-je mettre mon gamin pour qu’il fasse Sciences Po ou une prestigieuse école de commerce? Ben, ouais, c’est pas simple, mais la question se pose, y compris, -j’allais dire surtout- dans les milieux de « gauche » bon chic bon genre. En fait le problème est dramatique, car cet abandon de l’Ecole Publique, Républicaine au profit du privé, le plus souvent confessionnel, nous entraîne vers une inéluctable ghettoïsation à l’Américaine. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que les bobos qui font cela ont conscience des conséquences de leurs choix idéologiques.
Bon, le film n’évite ni les clichés, ni les maladresses, mais certaines séquences sont très bien vues et appuient vraiment là où ça fait mal et montrent une drôle de réalité colportée par les media et la bienpensance: « C’est beaucoup mieux tenu dans le privé, ils ont des moyens et, surtout, surtout, d’excellents résultats. Et puis, enfin, on ne mélange pas les torchons et les serviettes ».
Le film se cache donc derrière un genre, la comédie familiale, mais il va beaucoup plus loin que cela et a le mérite d’ouvrir directement le débat, même si le traitement d’un tel sujet eût pu être certainement plus radical.
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j’en sors – et je suis un peu déçu. Ancien de Bagnolet (de 1989 -2005 j’ai bien vécu ces discussions (et pas mal de phrases – notamment du corps enseignant nous les avons entendu (quand nos enfants sont parti dans le 12e au Collège…- tzzz) mais le film manque sérieusement de cohérence….sans Edouard B. et sa compagne cela aurait été un calvaire pour moi…. (sorry)
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Je suis d’accord pour la fin mais de là à parler de calvaire… vous y allez fort ! Mais c’est toujours sympa d’avoir des avis qui divergent 🙂
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Ha….. j’ai dit » aurait été » … et je persiste avec cet avis divergent… qqs incohérences, de la mollesse dans l’exécution…. ce sont eux qui gomment ça plus le tic langaguier de l’enseignante…… bizz
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Bon je vais me laisser tenter par cette comédie légère… On verra bien je me méfie avec les films français, j’ai vu pas mal de navets récemment et je commence à faire une indigestion. J’ai un peu du mal avec la gauche caviar un tantinet moralisatrice bien que j’aime tout de même beaucoup Leïla Bekhti.
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On la retrouve bien là, et Édouard Baer fait son chaud et c’est bien sympathique… 😉 juste dommage que la fin parte en live mais définitivement pas un navet !
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Haha je vois que tu n’as pas aimé la scène sur la chanson de Jeanne Cherhal, personnellement c’est la seule que j’ai vraiment appréciée ! ^^
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