Les roses fauves, Carole Martinez

La quatrième de couverture le dit, Carole Martinez est une excellente conteuse. Alors elle conte.

Les roses fauves, c’est une malédiction qui se répète, un cycle sans fin, un éternel jeu de miroirs entre présent et passé. Le dénominateur commun qui lie les époques et les personnages, les aïeuls et les descendants, ce sont ces roses. Ces roses sauvages, au parfum entêtant, ces roses dangereuses. Fauves. Tout part d’un cœur, d’un cœur en tissu qui renferme des bouts de papier manuscrits, recouverts des pattes de mouche des ancêtres de Lola, celle qui inspire l’auteure-narratrice pour ce roman. Au cœur de ce récit est la coutume espagnole qui veut qu’une femme sur le point de mourir écrive sa vie et garnisse de ces feuillets l’organe palpitant de souvenirs qu’elle a cousu avant de le transmettre à sa fille aînée. Autour, viennent s’enrouler comme autant de tiges de ronce les histoires locales et les légendes qui imprègnent passé et avenir, roses et arbres, Hommes et végétaux. Tout se mêle, se confond, les époques se brouillent autour d’une seule certitude, « l’amour ».

Peut-être parfois un peu trop brouillon, Les roses fauves n’en est pas moins un livre qui parvient avec brio à emprunter au merveilleux pour le transposer dans le réel, un peu à la manière des Inconsolés de Minh Tran Huy. Les métaphores soulignent l’irréel, le poétique ; les exclamations fleurissent sur la page, semblables à des roses dévorant la plume de Carole Martinez. Quant aux dialogues, ils sont essaimés ici et là, perdus au sein du récit, sans marque de ponctuation, à peine parfois des italiques.

Malgré quelques longueurs, cette fiction emporte le lecteur dans un ailleurs aux accents d’ici, inspiré de la versatilité des récits d’Amérique Latine, de leur fourmillement parfois confondant mais toujours dépaysant.

Les éditions Gallimard parlent ici de ce roman qui faisait partie de la première sélection du Goncourt 2020.

L’illustration qui représente une princesse en arrière-plan de la photographie est extraite du livre Les Contes de Grimm (texte intégral), illustré par Adolf Born et paru chez Gründ (page 28).

Ils en parlent aussi : Camus Diffusion, Lili au fil des pages, Louise et les canards sauvages, Succulentes découvertes, Thomas Louis, Le blog d’une Pipelette liseuse, Le temps libre de Nath, Elle m lire, Entre les lignes, Au temps des livres, Carolivre, Cultur’elle, Aleslire, Vagabondage autour de soi, La culture dans tous ses états, Mademoiselle Maeve lit des livres, Les livres de K79, Le jardin de Natiora, La librairie idéale, Pause polars, Mumu dans le bocage, Des livres sous les étoiles, Patricia Sanaoui Olivier, Chroniques de Ju la brindille, Les livres d’Ève, Mes échappées livresques

21 réflexions sur “Les roses fauves, Carole Martinez

  1. Fragonette

    Merci pour la référence de mon billet. Je débute, je ne sais pas comment le faire sur mon propre blog !
    Cet nouveau roman de Carole Martinez était très attendu par ses lecteurs. C’est vrai qu’il est différent des autres de par sa structure. Personnellement, mon préféré reste « La Terre qui penche  » pour le moment. A bientôt

    Aimé par 1 personne

    1. Avec plaisir 🙂
      Sur l’éditeur de blocs y a quelque chose qui s’apparente à un trombone où il est possible d’ajouter un lien (mais des tutos l’expliquent sans doute beaucoup mieux que moi…).
      Je n’ai pas du tout entendu parler de La Terre qui penche, de quoi me donner envie d’en savoir plus ! Le titre qui revient le plus reste Le domaine des murmures alors me voilà intriguée. Merci de la référence !
      À bientôt

      Aimé par 1 personne

  2. Ping : Héritage, Miguel Bonnefoy – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

  3. Tes photos pour nous présenter la couverture du roman sont toujours belles mais celle-ci l’est tout particulièrement. Carole Martinez, je suis un inconditionnel tant sa plume poétique et son talent de conteuse me plaise. Ce n’est pas mon préféré d’elle mais c’est, malgré tout, un magnifique roman. J’aurais aimé qu’il soit encore plus long.. 😉 Merci Cécile pour ce beau retour 😊

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire