Vivre vite de Brigitte Giraud, peut-être plus récit que roman, évoque une relation fusionnelle au temps qu'on aimerait malléable, condensé en phrases factuelles. (...)

Vivre vite de Brigitte Giraud, peut-être plus récit que roman, évoque une relation fusionnelle au temps qu'on aimerait malléable, condensé en phrases factuelles. (...)
La plume singulière, rythmée et entêtante de Diaty Diallo porte Deux secondes d'air qui brûle, roman engagé qui dénonce les violences policières. (...)
Récit glaçant, Le mage du Kremlin de Giuliano da Empoli lève le voile sur la mécanique de pensée poutinienne, sur les coulisses du pouvoir, tout en soignant ses atmosphères. (...)
Enquête personnelle, La vie clandestine croise le parcours de Monica Sabolo et celui de deux activistes d'Action Directe, sur les traces de l'Histoire qui s'enfuit. (...)
La plus secrète mémoire des hommes, roman métafictionnel brillant, se lit comme une enquête littéraire rythmée et complexe. Mohamed Mbougar Sarr mêle les récits, les époques, les lieux pour analyser les processus de lecture et d'écriture... (...)
Avec S'il n'en reste qu'une, Patrice Franceschi rend hommage aux combattants kurdes mais échoue à donner du souffle, du rythme, du sentiment à son roman. (...)
Maria Pourchet s'attaque à l'amour et à l'adultère, sujets littéraires par excellence mais auxquels elle met le feu grâce à son insolence charmante. (...)
Avec ce roman choral, Louis-Philippe Dalembert rend hommage aux victimes du racisme, créant un Milwaukee Blues touchant. (...)
Quoi que l’on pense de ce livre, mélopée funèbre, ce n’est pas un roman. Il détonne donc dans le carré final du Goncourt, couverture jaune qui attire l’œil et interroge tout autant que le texte en lui-même. Camille de Toledo rend hommage à son frère, ce frère aîné qui s’est suicidé en 2005, s’exprimant à …
Là où Ceux qu’on aime de Victoria Hislop péchait par trop de longueurs et un déséquilibre temporel, Héritage de Miguel Bonnefoy pèche par trop de brièveté. La plume est poétique, imagée, les sonorités se font écho, à tel point que certaines phrases se rapprochent du vers transposé en prose. Le conte et le fantastique ne …
L’anomalie ou cet OVNI littéraire qui vient, comme Le monde n’existe pas avant lui, remettre en question notre Terre, notre vie, notre réalité. Onze personnages, c’est bien trop, se récrira une éditrice à la fin du roman. C’est pourtant le nombre sur lequel Hervé Le Tellier a tout misé. Onze protagonistes dont les destins parfois …
La quatrième de couverture le dit, Carole Martinez est une excellente conteuse. Alors elle conte. Les roses fauves, c’est une malédiction qui se répète, un cycle sans fin, un éternel jeu de miroirs entre présent et passé. Le dénominateur commun qui lie les époques et les personnages, les aïeuls et les descendants, ce sont ces …
Les phrases sont courtes, les dialogues, nombreux, les exclamations se multiplient sur la page – impatientes. Djaïli Amadou Amal est camerounaise, comme Leonora Miano (Rouge impératrice), et peule. Le mariage forcé, elle sait ce que c’est puisqu’elle l’a vécu. Alors elle témoigne, elle raconte, tantôt au présent tantôt au passé, les impatiences et les douleurs …
Luc Lang joue avec le temps, avec les mots et les sons qu’il transforme de ses mains de magicien. Son héros, François, est un chasseur un peu désabusé, père de deux grands enfants, marié à une femme volubile, étrange. Son refuge, c’est le relais de chasse qui est dans la famille depuis plusieurs générations, c’est …
Ce roman a été lu dans le cadre du Prix du Roman des Étudiants France Culture / Télérama. Chaque année, je me dis que le Goncourt est moins exigeant que l’année précédente. Et c’est plutôt positif – je n’ai jamais réussi à lire plus de cinquante pages de Boussole de Matthias Esnard…Ici, une plume accessible, bien …
Le style est un peu ampoulé, les phrases sont longues et le vocabulaire, recherché. Les personnages sont quelque peu stéréotypés, mais l’histoire pourrait être celle de n’importe quelle famille, de n’importe quelle fille. Une gamine mal dans sa peau, mal vue au collège, pas populaire pour deux sous, seule avec les personnages de Harry Potter …
Nathacha Appanah s’intéresse une nouvelle fois au destin d’un enfant, mais cette fois son roman est bien moins sombre qu’à l’accoutumé, bien moins sombre que Tropique de la violence ou Le dernier frère. De la tristesse oui, du ressentiment, des non-dits, de l’amertume mais aussi et surtout de l’amour. Pas de violence, ou alors de …
Lire la suite de Un amour de Loup (Le ciel par-dessus le toit, Nathacha Appanah)
Ce roman est ardu… Tellement ardu que d’aucuns n’arriveront pas au bout. L’idée de base est pourtant intéressante. L’auteure raconte une histoire d’amour ayant pour toile de fond une Afrique futuriste, une Afrique toujours debout, recentrée sur elle-même, sur son Histoire, son passé et ses ancêtres (les esprits ont ici la parole) et ayant même …
Lire la suite de L’Afrique du futur (Rouge impératrice, Leonora Miano)
Karine Tuil aime décidément s’attaquer aux maux de notre monde contemporain. Après L’insouciance paru en 2016 qui évoquait le racisme, et L’invention de nos vies dans lequel elle s’intéressait à l’identité et à la judéité – comme ici – c’est cette fois au tour du viol de passer entre les mains de l’auteure. À nouveau, …
Lire la suite de L’homme, un animal civilisé (Les choses humaines, Karine Tuil)
Les phrases de La terre invisible sont très simples (composées généralement d’un sujet, d’un verbe et d’un complément), mais néanmoins poétiques. L’écriture parvient à dire l’indicible de manière implicite et avec beaucoup de finesse, s’attardant davantage sur l’après-guerre en Allemagne que sur les années des camps, n’évoquant que quelques réminiscences du narrateur, tels des flashs …
Lire la suite de Un voyage photographique (La terre invisible, Hubert Mingarelli)
Dans ce roman qui s’apparente davantage à une réflexion ou à des pensées, Amélie Nothomb imagine le discours intérieur de Jésus depuis la déclaration de la sentence de crucifixion à sa résurrection. Non content d’employer des termes que l’on imagine mal prononcés par le Christ, elle lui fait contester certains des écrits de Jean notamment, …
Lire la suite de Une désacralisation un peu creuse (Soif, Amélie Nothomb)
Ce roman est tout juste couronné par le Goncourt, et il le mérite. Les personnages sont aboutis, ont une personnalité complexe et semblent presque tangibles. Les décors, ou plutôt le décor puisque c’est une sorte de huis-clos se déroulant à Heillange, rassemble tous ces personnages et paraît même en être un à part entière. En …
Lire la suite de Un rejet, un héritage (Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu)
Maîtres et esclaves est un roman tellement bien fait que l’on dirait presque que Tian Kewei a existé. En tout cas, on s’interroge. De belles métaphores et descriptions côtoient l’horreur de la Révolution Culturelle, de la répression des Gardes Rouges, et des mots parfois familiers pour décrire l’atroce, l’incompréhensible, le désespoir. Ce savoureux mélange nous …
Lire la suite de La Chine et ses contradictions (Maîtres et esclaves, Paul Greveillac)
Ça raconte Sarah, je l’ai lu dans le bus. Je l’ai dévoré. Je l’ai adoré. Pour pouvoir lire un roman dans les transports en commun sans en lever la tête, il doit vraiment avoir quelque chose, il doit être vraiment vraiment bon. Ça raconte Sarah, comme le dit le titre. Sur fond de Schubert, les …
Lire la suite de La grâce (Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard)
Avec Hôtel Waldheim, c’est tout un monde qui s’ouvre à nous. Celui de cet hôtel suisse, situé à Davos, en plein cœur d’une forêt, au pied des montagnes. On y découvre de multiples personnages : un joueur de go, un joueur d’échec, le tenant de l’hôtel, une vieille fan de Thomas Mann, la tante un peu …
Lire la suite de Un petit monde à l’image du Monde (Hôtel Waldheim, François Vallejo)
"Now is the winter of our discontent! Voici venu l'hiver de notre mécontentement." (L'hiver du mécontentement, Thomas B. Reverdy / citant Richard III, William Shakespeare) Une nouvelle fois dans un roman de Thomas B. Reverdy, une Candice nous charme. Elle n’a pas le sourire rouge de son homonyme d’Il était une ville, mais elle fait …
Lire la suite de Futur Goncourt ? (L’hiver du mécontentement, Thomas B. Reverdy)
La disparition de Josef Mengele d'Olivier Guez est une mine d’or, un livre tellement riche. Même si l’histoire de Mengele est ici romancée, même si certains éléments comme son état d’esprit à tel moment T ont été imaginés, le lecteur prend le récit au premier degré. Ne serait-ce pas trompeur ? Ne serait-ce pas une …
Lire la suite de Un roman ? Vraiment ? (La disparition de Josef Mengele, Olivier Guez)
Tiens ferme ta couronne est un livre dément, oscillant entre biographie, roman inspiré de la réalité et fiction joliment fêlée. La plume de Yannick Haenel est une merveille de délicatesse métaphorique et d’images plus folles les unes que les autres. Cette œuvre gravite autour d'un maître mot : vérité. Qu’elle prenne la forme d’un daim blanc …
Lire la suite de Heureux sont les fêlés (Tiens ferme ta couronne, Yannick Haenel)
Nos richesses est un livre atypique, mêlant souvenirs, bribes de carnet intime, et aventures d’un jeune algérien de retour au pays pour une tâche bien ingrate, à savoir vider une librairie. Des auteurs berçant la scolarité des petits Français – Gide, Exupéry, Camus, Giono – et d’autres moins connus, permettent à travers des écrits rapportés …
Lire la suite de Une étrangeté, inventée ou réelle ? (Nos richesses, Kaouther Adimi)
Une page, puis deux, puis trois. A chaque ligne, on se dit que le livre va décoller, que l’histoire va prendre son sens. Elle ne le prendra pas. Peut-être est-ce la volonté de l’auteur que d’être fidèle jusqu’au bout au titre choisi, et peut-être veut-il donner à son écrit l’inconsistance des rêves et ce goût …
Lire la suite de Une erreur de casting? (Les rêveuses, Frédéric Verger)
Eugène est un ingénieur travaillant pour l'Entreprise. Celle-ci l'envoie à Détroit et c'est donc à travers ses yeux innocents que l'on découvre la ville américaine, ravagée par la crise des subprimes - la Catastrophe comme disent les habitants. Et puis, formant une chorale harmonieuse, il y a aussi Charlie et sa bande, qui disparaissent aux …
Lire la suite de Que le dernier qui parte éteigne la lumière (Il était une ville, Thomas B. Reverdy)
C'est l'histoire de Bérénice qui est quittée par Titus. A moins que ça ne soit la biographie romancée de Racine pour qui Bérénice se passionne. On hésite et malgré l'histoire de la jeune femme qui apparaît en filigrane, on finit par conclure que c'est la vie de Racine qui est livrée ici. Nathalie Azoulai se …
Lire la suite de Une mise en abyme étrange (Titus n’aimait pas Bérénice, Nathalie Azoulai)
Petit Piment ou un roman touchant qui nous balade dans les rues de Pointe-Noire et dans l'histoire du Congo, au gré des envies de Petit Piment. Ce personnage attachant rencontre son destin pas si rose et sa spontanéité ainsi que ses aventures ont le mérite de nous attendrir. Seul reproche : le manque d'informations contextuelles, …
Lire la suite de Voyage en Afrique (Petit Piment, Alain Mabanckou)
Dans la banlieue de Shenyang, vivent les Xhang. Il y a Wei et Yun, les parents de celle-ci, et Meilen la fille. ils habitent une bicoque toute brinquebalante, peinent à survivre au froid polaire de l'hiver alors que Wei est au chômage. Mais les difficultés financières, que dis-je, la misère, ne les empêche pas d'économiser …
Info ou intox ? Voilà la question qui nous hante pendant toute notre lecture. Sera bien malin qui saura démêler le vrai du faux, puisque le mystère est épais et constitue à lui seul l'intrigue du livre - qui est aussi brillante que son auteure est secrète. A dévorer d'urgence et, peut-être qu'avec une imagination …
Lire la suite de A dévorer d’urgence (D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan)
Nous ne sortons pas indemnes de ce récit. Comme les héros, nous sommes malmenés par la nature, nous sommes dévastés par la faim. Ce livre choque, bouleverse, écœure. S’il y a bien une chose que nous ne pouvons pas lui reprocher, c’est de laisser indifférents. Non, il nous intrigue, nous maltraite, ne nous épargne rien …
Lire la suite de Un chamboule-tout (Soudain, seuls, Isabelle Autissier)
2084 ou une dystopie comme on les aime, tortueuse et torturée, mettant en scène des personnages tentant avec timidité de se rebeller face au système. Vu et revu me diriez vous. Certes. Le paramètre qui change ici est le suivant : la société est indissociable de la religion. Idée pour le moins osée de nos …
Lire la suite de Une dystopie religieuse (2084, Boualem Sansal)