Le dîner, Herman Koch

Comme pour Cher Monsieur M, Herman Koch fait preuve d’une causticité presque intolérable, porte un regard acerbe sur la société et joue avec le lecteur comme un chat s’amuserait avec une souris. Si rien ne nous semble anormal de prime abord dans le scenario du Dîner, rapidement des indices laissent à penser que quelque chose cloche, qu’un élément nous échappe. Le suspense est bien mené, quoique la construction soit moins originale et moins frappante dans Le dîner que dans son roman suivant. Certains chapitres sont d’un mordant inimitable et font inévitablement sourire mais le sourire ne restera pas plaqué sur notre visage.

Comme le titre l’indique, il s’agit d’un repas au restaurant. Les différentes parties du livre portent donc le nom des différents plats composant un dîner. Le service se poursuit, lentement, suffisamment doucement pour que le narrateur ait le temps de nous glisser quelques éléments de contexte, de se rappeler quelques passages de son passé, quelques anecdotes qui donnent peu à peu un éclairage nouveau à l’ensemble, comme si ce qui était laissé dans l’ombre au début du livre se dévoilait peu à peu, pour révéler une scène complètement différente.

Si l’apéritif et l’entrée se déroulent à peu près normalement, entrecoupés de ces souvenirs et des réflexions du héros, Paul, si l’entente reste somme toute cordiale entre les deux couples (deux frères et leurs femmes), la suite du dîner pourrait bien changer la donne. Les deux fils ont pêché. Quoi, comment, le lecteur l’apprendra plus tard, des indices étant disséminés çà et là, sans plus de précision avant la grande révélation.

Moins maîtrisé et moins brillant que Cher Monsieur M., Le dîner utilise pourtant quelques ficelles similaires : créer un suspense bien maîtrisé, garder le lecteur plus ou moins dans le flou, donner vie à des personnages plus ou moins exécrables… Mais la magie n’opère pas, pas vraiment.

Les éditions Belfond en parlent ici

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14 réflexions sur “Le dîner, Herman Koch

      1. Emmanuelle Carpenter

        J’ai vu. Ça tient à cette atmosphère de huis clos. Je suis toujours admirative des auteurs qui s’essayent à cet exercice et parviennent à captiver le lecteur.
        Je lirai Cher Monsieur M s’il est si bien 🙌🏼

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  1. Quel livre ce Dîner ! Il est à la fois passionnant et glaçant. Il illustre parfaitement ce qu’est la perversité : ne tenir aucun compte de la loi mais suivre uniquement celle qui nous convient, et toujours justifier le pire avec des arguments qui semblent rationnels.

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    1. Tu en parles bien ! J’ai regretté que l’histoire (en dehors de la manière dont l’auteur la traite) n’ait pas plus de punch en fait, ou que les points de vue ne s’alternent pas… mais pervers à souhait, en effet.

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  2. J’ai préféré « Le dîner » à « Cher Monsieur M » peut être parce que je l’ai lu en premier. Il a écrit aussi « La piscine » pas mal non plus. J’avais découvert Hermann Koch grâce à une des membres de mon club de lecture qui avait été choquée par sa lecture du « Dîner ». Du coup, nous avions décidé de toutes le lire.
    Ce qui est frappant avec cet auteur, et ça a été valable pour les 3 romans, soit on aime, soit on déteste. Il n’y a pas eu de demi-mesure dans les retours de lecture.

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    1. Eh bien je suis l’exception à la règle parce que je suis plutôt mitigée pour Le dîner… le suspense, le retournement de situation nous cueillent mais l’histoire est, au fond, plutôt plate, plus que dans Cher monsieur M. je trouve. Peut être que j’attendais un jeu plus important sur les points de vue, c’est ce qui m’avait vraiment plu dans M…
      Merci de ton commentaire !

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  3. Sandrine

    Je n’ai pas lu « Cher Monsieur M » dont tu parles mais j’ai vraiment beaucoup apprécié « Le Dîner ». Je l’ai trouvé très bien construit, cynique et bien loin de tout manichéisme. Très inattendu en fait.

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    1. Oui, M. l’est encore plus, inattendu ! Et je crois que j’ai trouvé l’histoire plutôt plate en dehors du retournement de situation… en tout cas il ne souffre pas la comparaison !
      Merci de ton passage en tout cas 🙂

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