De la magie au bout des doigts (Au bout des doigts, Ludovic Bernard)

Au bout des doigts ou un beau film sur la musique, sur la rage de vaincre. Mathieu (Jules Benchetrit), pianiste hors-pair, la vingtaine, vient d’une cité parisienne et s’adonne à quelques petits cambriolages avec ses copains. Sauf que sa passion pour le piano le perd : lors d’un vol, il reste absorbé par les touches au bout de ses doigts jusqu’à ce que les policiers déboulent et l’arrêtent. Là, au procès, Pierre, le directeur musical du conservatoire de Paris (Lambert Wilson) qui l’a repéré alors qu’il jouait sur le piano public dans la gare, le défend et propose qu’il effectue des travaux d’intérêt général de six mois au Conservatoire, en tant qu’homme de ménage. Mathieu accepte et se retrouve rapidement entraîné dans la musique, par la musique : cette passion qui le ravage et l’emmène loin des HLM. Pierre l’oblige à suivre des cours dispensés par une prof de troisième cycle (Kristin Scott Thomas, exceptionnelle, sensible et profonde à la fois). Les débuts sont compliqués mais peu à peu, il se fait à sa vie. Jusqu’à ce que ses origines le rattrapent

Le scénario n’est pas mal, bien que très convenu et la romance avec Anna n’est pas très recherchée. La prolepse finale qui nous projette six mois plus tard est franchement superflue et dessert le film.

On se doute de ce qui va se passer mais on se laisse bercer par l’histoire : le jeu de Jules Benchetrit sonne juste (et ses doigts aussi, bien que l’on devine qu’il n’assure pas toutes les scènes musicales, trois heures d’entraînement quotidien ne pouvant rattraper des années de pratique) et parvient à conférer une violence teintée de sensibilité et de déboussolement à son personnage, Kristin Scott Thomas joue à merveille et Lambert Wilson est émouvant dans sa volonté presque vaine de transmettre, à tout prix, comme Robin Williams dans Will Hunting. En effet, le réalisateur (Ludovic Bernard), mélomane, avoue s’en être grandement inspiré pour Pierre et son aspiration à trouver un héritier, un élève prodige pour le faire grandir et réussir, pour lui donner sa chance. L’idée de ce film lui est venue après qu’il ait entendu un voyageur jouer à la gare de Bercy alors que son look ne laissait absolument pas présager des doigts de fées sur un piano : « Je suis monté dans le train et j’ai écrit le passé et le futur du jeune homme en me demandant comment il avait pu apprendre à jouer aussi bien. Cela a été le point de départ de mon film et je l’ai ensuite transposé gare du Nord »

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