Le monde merveilleux des jouets (Toy Story 4, Josh Cooley)

Le troisième opus de la saga devait être l’ultime, même Pixar jugeait qu’il était temps de s’arrêter. Et pourtant, voilà que Woody et ses amis reviennent à l’affiche

Le scénario n’a, en soi, rien d’exceptionnel et tourne peut-être même un peu en rond. Le début est répétitif et on finit par se lasser de voir Woody expliquer à Fourchette (à qui Pierre Niney prête sa voix) qu’il n’est pas un déchet et qu’il est très important pour Bonnie – à qui Andy a légué tous ses jouets lors de son départ pour l’université, rappelons-le. Non, ce qui est impressionnant et qui nous garde cloués à notre siège, ce sont les dessins, l’animé en lui-même et son réalisme, sa « crédibilité » comme préfère l’appeler Josh Cooley, le réalisateur de ce dernier volet de la saga. La pluie qui crépite et rebondit sur le trottoir, les détails de la porcelaine sur le visage et les cheveux de Bo (la bergère dont Woody était et est toujours épris), les autocollants qui commencent à se décoller sur le poitrail de Buzz, les tâches de rousseur de la poupée Gabby Gabby (doublée par la chanteuse Angèle qui parvient à lui donner ce côté à la fois effrayant et touchant), mais aussi le mouvement étrange, « l’expression fixe avec leurs grands yeux et leurs grandes mâchoires articulées » des marionnettes Benson, de « véritables cauchemars – et les meilleurs qui soient » : toute cette minutie rend le dessin-animé magique. Le producteur Mark Nielsen a d’ailleurs raison : ces personnages sont vraiment effrayants et en feront sursauter plus d’un.

Dans l’ensemble, Pixar a donc aussi réussi à se renouveler, ce qui est appréciable.

Tout est réfléchi, travaillé. Les décors sont géniaux et on sent que l’équipe a passé beaucoup de temps à flâner chez les antiquaires et dans les petites foires un peu glauques. Le magasin d’antiquités parvient à faire vrai, réaliste, tout en restant presque enfantin dans la représentation. Les objets sont entassés là, chacun bénéficiant d’un traitement tout particulier, d’une réflexion qui se sent : l’ensemble est un fouillis sans nom, un amassement de bibelots que l’on retrouve dans beaucoup de ces boutiques – un juke box, des objets de collection, un Père Noël en plastique… La fête foraine a également ce côté coloré, ce qui ne l’empêche pas de regorger de détails : l’univers est « clinquant, lumineux, mais aussi, à y regarder de plus près, un, peu miteux et mal fichu. ». Ces explications, c’est Ling Tu qui les donne à Télérama, étant l’une de ceux qui ont travaillé à la représentation « du passé d’un décor, des traces qu’il y laisse ».

Les voix françaises et l’humour qui imprègne cet épisode – dont je n’ai pas souvenir dans les précédents Toy Story – font également beaucoup. Jamel Debbouze et Franck Gastambide sont à mourir de rire dans leur rôle de deux peluches liées l’une à l’autre, suspendues comme récompenses dans une attraction de fête foraine. Marc Arnaud et son accent québécois inimitable surprennent et font aussi rire le spectateur.

Audrey Fleurot interprète Bo, le personnage le plus important de ce nouveau dessin-animé. Elle revient transformée, de simple bergère semblant un peu niaise devenant une véritable icône féministe. C’est aussi ce côté plus moderne qui donne un petit plus à Toy Story 4.

Reste à savoir si ce volet sera aussi récompensé que les précédents : si le premier Toy Story qui date de 1995 était seulement nominé, le troisième opus avait obtenu l’Oscar du meilleur long métrage d’animation, celui de la meilleure chanson originale, un Golden Globe et un BAFTA Award.

La bande-annonce ici 🙂

7 réflexions sur “Le monde merveilleux des jouets (Toy Story 4, Josh Cooley)

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  2. Anonyme

    Très bon article de Toy Story 4 même si pour les voix je ne suis pas tout a fait d’accord avec toi. Je trouve par exemple que Jamel a un timbre tellement reconnaissable que quand j’entend la peluche parler, c’est vraiment lui que je vois et non le personnage. Concernant Angèle, j’ai l’impression qu’elle n’a aucune émotion, elle parle comme si elle était un robot qui récite un texte. Mais a part ça, je reconnais que c’est un bon film, sans être évidemment le meilleur de la saga, ni un grand pixar de manière général. Bonne continuation.

    CinéMaster.

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    1. Merci de ce commentaire ! Justement pour cette manière de parler qu’a Angèle, j’ai trouvé qu’elle se prêtait bien à son personnage… Pour Jamel, j’ai passé la séance à me dire que je connaissais cette voix sans parvenir à mettre un nom dessus donc l’humour a marché de mon côté !
      Oui, un bon film, sans plus, sauvé par l’humour et les décors 😉
      A bientôt au détour d’un film…

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