Va où la rivière te porte, Shelley Read

Les premières pages de Va où la rivière te porte ont peut-être quelque chose d’un peu facile – une adolescente, un adolescent, une attirance immédiate, irrésistible, incompréhensible et réciproque. Pourtant, la suite du roman de Shelley Read, best-seller aux États-Unis et déjà publié dans une trentaine de pays, n’a rien de facile. Victoria, la narratrice, a dix-sept ans en 1949 et s’éprend donc d’un Amérindien à une époque où les Nations premières sont considérées comme indésirables. Qu’importe, qu’importent les convenances et les qu’en-dira-t-on, les pics de son oncle acariâtre, les soupçons de son père, la cruauté de son frère. Victoria, la seule femme Nash après la mort tragique de sa mère et de sa tante, est bien décidée à vivre son amour quoi qu’il en coûte.

Le destin que lui imagine Shelley Read est fait de drames et de douceurs, d’une résilience à la mode ces derniers temps mais qui illustre ici à la perfection la puissance qui réside en chaque femme. Dans ses allées de pêchers plus vieux qu’elles ou dans les montagnes inhospitalières du Colorado, Victoria trace son chemin et finit par imposer ses choix. La plume précise de l’autrice laisse parfois place à de beaux instants lyriques où la poésie fait étinceler la nature qui entoure Victoria, les émotions de l’héroïne ainsi reflétées par le ciel et par la faune blottie dans les bois.

Le romanesque du parcours de la narratrice fait par ailleurs écho à l’Histoire américaine du siècle dernier, du racisme à l’impunité, du féminisme qui tait son nom à la Guerre du Vietnam, de l’inondation de villes entières pour les besoins d’un barrage à l’évolution de l’agriculture. Va où la rivière te porte est ainsi un roman riche et réconfortant tout à la fois.

Shelley Read- Va où la rivière te porte
[Go As a River – traduit par Cécile Arnaud]
Robert Laffont
14 mars 2024
368 pages
21 euros

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