Meurtre à l’anglaise, Cyril Hare

Dans ce cluedo grandeur nature, quatre invités de marque se rendent à Warbeck Hall pour Noël, bientôt enseveli sous une épaisse couche de neige. Les y attendent un professeur étranger émérite, le majordome ainsi que Lord Warbeck, en bien triste forme – et quelques surprises empoisonnées. Le premier des convives est le Chancelier de l’Échiquier – ministre de l’Économie – vieillissant, la seconde est l’épouse bavarde de son bras droit, le troisième est le fils héritier du domaine, empli d’idées d’extrême droite, et la dernière est une jeune aristocrate éprise de cet odieux personnage. Héritage, amour et ambition s’emparent des protagonistes avant même leur arrivée dans la magistrale demeure, promettant une cohabitation compliquée alors que la poudreuse les isole complètement du monde.

Alfred Gordon Clark, un juge qui écrit sous le nom de Cyril Hare, a signé ce livre en 1951, et son charme britannique est donc patiné d’un vernis daté soulignant ses attraits. Les dialogues enlevés ont quelque chose de savoureux, empreints d’un mordant discret mais néanmoins vif. Grâce à eux et à son sens du détail, Cyril Hare parvient à créer une galerie de personnages que leurs défauts rendent irrésistiblement exaspérants. Ils évoluent dans un décor majestueux et inquiétant, rempli de recoins et de zones d’ombre. Sorte de cosy mystery délicieux, Meurtre à l’anglaise se dévore au coin du feu, mais il n’en est pas moins basé sur des ressorts politiques élaborés, tout aussi british que l’essence-même du roman.

Cyril Hare – Meurtre à l’anglaise
[An English Murder – traduit par Mathilde Martin]
Rivages
Octobre 2023 (rentrée littéraire d’automne 2023)
240 pages
9 euros

Ils/elles en parlent aussi : La viduité. Les pipelettes en parlent. Plaisirs à cultiver. Hellrick

13 réflexions sur “Meurtre à l’anglaise, Cyril Hare

  1. Ping : Meurtre à l’anglaise, Cyril Hare – Amicalement noir

Laisser un commentaire