Le héros de Bernhard Schlink est un vieil homme qui se sent seul, encore davantage depuis que son épouse s’est noyée de mal-être et d’alcool, emportant avec elles des secrets que Kaspar, libraire, n’aurait pas découverts si Birgit n’avait pas été une écrivaine prometteuse. Grâce à un peu d’astuce et de persévérance, il trouve des pages qui relatent le passé de sa compagne, celui dont il fait partie et celui qui lui est antérieur, se découvrant ainsi une famille à rechercher. Birgit a grandi en RDA et si le mur est tombé, l’Allemagne est toujours fracturée – Kaspar en fait bientôt l’amère expérience. Grand-père adoptif, il essaie de réconcilier les différences idéologiques le séparant de ce foyer qui lui fait peur, d’éclairer de lumière et de raison ignorance et aveuglement – ceux de la mouvance völkisch.
Après une mise en abyme convaincante dans laquelle la plume s’éloigne de la simplicité efficace mais soignée du cœur du récit, après s’être appesanti sur l’histoire récente de son pays, Bernhard Schlink parvient à encapsuler les complexités de la société allemande d’aujourd’hui, portant toujours le traumatisme de l’Holocauste comme un souvenir sanglant de ce qui peut advenir, ployant sous le poids du schisme idéologique passé. La nouvelle extrême-droite semble prête à prendre la relève, à coups de chants des jeunesses hitlériennes et de biscuits en forme de croix gammées, de la ville à la campagne. En voyant ce clivage par le prisme de la famille et de la relation d’un vieil homme à sa petite-fille de cœur, l’auteur parvient à apporter un regard nouveau, fait autant de sentiments que d’impuissance. Vingt-cinq ans après Le liseur, il souligne une nouvelle fois la puissance inébranlable de l’art et de la culture, en fait des armes dont il faut s’emparer pour faire éclore la vérité.
Merci à Lireka pour ce partenariat.
Bernhard Schlink – La petite-fille
[Die Enkelin – traduit par Bernard Lortholary]
Gallimard
9 février 2023 (rentrée littéraire d’hiver 2023)
352 pages
23 euros
Ils/elles en parlent aussi : Butineries. Le goût de lire. Résonances. La bibli de Noémie. Nath in Düss. Coqurcigrues et ima-nu-ages. Papivore. Hop blog. Sin city. Tu vas t’abimer les yeux. Mot à mots. La bibliothèque Roz. Et si on bouquinait un peu ?
Je l’ai noté sur mon carnet car le sujet m’intéresse tout particulièrement 😉😊
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Ça ne m’étonne pas 😉 et je pense qu’au delà des côtés historique et social, tu serais touché par ce que Bernhard Schlink dépeint.
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Je le pense aussi😉. Excellent weekend Cécile ✨😊
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Très bon week-end à toi aussi Fred 😊
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Ping : Bernhard Schlink – La Petite-fille | Sin City
Ah tu en parles bien et tu m’as donné vraiment envie !
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Chouette alors 🙂
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Tu m’as donné très envie de le lire. Merci à toi.🙏💖
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Oh oui, je suis certaine que tu aimerais ! Merci de ton passage 😘
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😘
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Je me suis arrêtée au Liseur comme beaucoup je pense… tu donnes bien envie d’en découvrir davantage de cet auteur.
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Ce sont les deux seuls que j’ai lus, Le liseur il y a longtemps mais des parallèles indéniables existent entre les deux romans. Peut-être te laisseras-tu tenter ! Et ravir de donner envie.
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Et j’aime l’illustration ( piano….échecs…. )
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Merci à toi ! D’ailleurs, j’ai bien aimé tes remarques sur les deux couvertures, c’est vrai qu’elles ne véhiculent pas du tout le même message…
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Ravi que tu as aimé. Merci pour le lien.
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