White Noise, Noah Baumbach

Adaptation du célèbre roman White Noise (ou Bruits de Fond) de Don DeLillo, ce nouveau film de Noah Baumbach ne semble conserver que les mauvais côtés du livre – qui sont peu nombreux – et les faire enfler, les étirer jusqu’à transformer 480 pages en 2h30.

Jack, spécialiste d’Hitler, professeur d’université et père d’une famille recomposée, se voit bientôt confronté à une catastrophe chimique qui les menace, lui et les siens. Ce nuage dangereux qui se déploie dans le ciel plane sur presque l’entièreté du roman, tandis qu’ici il n’est que prétexte aux interrogations existentielles des héros, permettant au réalisateur de les mettre en lumière plutôt grossièrement. Ainsi, les questionnements essentiels du livre sont également abordés, renforçant la satire de notre société mais métamorphosant l’ironie percutante de DeLillo en sordide indigeste – en témoignent une obsession macabre pour des images d’accidents automobiles ou encore les lents cauchemars hallucinés et presque horrifiques de Jack, entre autres ajouts de mauvais goût. Les 80 millions de dollars de budget devaient bien être exploités quelque part… quitte à rendre le long-métrage bien lourd et fourre-tout.

La crainte de la mort, le respect des normes et l’envie de les briser par des moyens bien peu conventionnels, l’importance des rumeurs et des médias dans la formation de l’opinion publique se percutent et se répondent, à l’image des répliques qui fusent lors des dialogues endiablés – seuls moments où Noah Baumbach fait parfois mouche, même s’il oublie d’exploiter pleinement le potentiel des enfants Gladney. Les réparties staccato du roman sont malgré tout transposées sans contexte et les incongruités les plus savoureuses sont ici gâchées, divulguées sans aucun comique. Les performances presque impeccables de Greta Gerwig et d’Adam Driver ne sont pas à remettre en cause : c’est le côté pêle-mêle de White Noise qui dérange, sa fausse littérarité finalement peu littérale et surtout son abject-pour-abject qui échoue à faire rire ou même à se faire subtilement le miroir de notre société. Au contraire, son intellectualisme factice n’a rien de fin et si le roman que DeLillo écrivit en 1983 était visionnaire, son adaptation n’est ni contemporaine ni rétro mais coincée entre ces deux poses dans une posture peu stable.

Ce film ne permet qu’une conclusion bien triste : Baumbach est davantage fait pour le drame que pour la tragicomédie – jetez-vous sur les pages de DeLillo et préférez à cette adaptation ratée le très beau Marriage Story du même réalisateur.

De : Noah Baumbach
Avec : Adam Driver, Greta Gerwig, Don Cheadle
Genre : Comédie / Drame
Durée : 2h16
A voir sur Netflix

12 réflexions sur “White Noise, Noah Baumbach

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