Andreï Makine imagine un héros qui aurait traversé les tragédies du XXème siècle et se recueillerait dans un cimetière dominant la mer, priant « pour ceux pour qui personne ne prie » avant de raconter sa vie à un passant. Il relate son existence à la manière d’une chronique, les mois et les années s’enchâssant les uns dans les autres pour créer un récit fluide où peu de scènes sont longuement décrites. Valdas grandit, apprend, voletant d’un amour à une passion éphémère, de la Russie tsariste au Paris occupé, toujours hanté par celle qu’il découvrit en Crimée, lors des vacances de son adolescence.
Roman d’apprentissage qui emprunte au Romantisme, L’ancien calendrier d’un amour est empli d’un lyrisme restreint et légèrement désuet donnant l’impression de feuilleter un siècle d’Histoire sans trop de sang. Les douleurs sont enveloppées d’ouate, de mots doux, et pulsent sourdement dans les cœurs sans que la page ne les reflète vraiment – c’est davantage la nature, le paysage mouvant des cartes et des guerres, des gouvernements et des dictatures qui font miroiter les drames que Valdas traversa discrètement, homme ordinaire pris dans les tourments modernes. Alors que la Terre avança – ou recula, selon les perceptions –, son âme resta réglée sur l’ancien calendrier, sur ces deux semaines qui existèrent en dehors du monde pour lui et son amante contrebandière enfin retrouvée, ignorant le passage du calendrier julien au grégorien.
Merci aux éditions Grasset et à NetGalley pour cette lecture.
Andreï Makine – L’ancien calendrier d’un amour
Grasset
11 janvier 2022 (rentrée littéraire d’hiver 2023)
198 pages
19,50 euros
Ils/elles en parlent aussi : Temps de lecture. Les livres d’Ève. Sur la route de Jostein
je retrouve toujours cet auteur avec plaisir, sa plume me plaît beaucoup et traverser un siècle d’Histoire ainsi cela m’a beaucoup plu…
le seul petit (tout petit bémol) j’aurais aimé que le texte soit plus long mais Makine est fidèle à lui-même 🙂
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Sa brièveté est en effet frustrante et le conduit à survoler certains épisodes… mais d’un autre côté je trouve que cela colle au texte qui ressemble à une chronique (beaucoup d’imparfait…) et que j’aurais donc eu du mal à voir plus long.
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J’aime bien cet auteur même s’il ne se renouvelle pas beaucoup d’un livre à un autre. Ses histoires se ressemblent toujours plus ou moins.
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Je le connaissais de nom et de réputation, bien sûr, mais je n’avais jamais rien lu de lui donc je ne peux pas en juger. Ici, j’ai été surprise par le côté Romantique (au sens artistique du terme) de la plume, et par la brièveté du livre qui en fait une sorte de chronique où peu de scènes sont longuement décrites.
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