Après le one-woman-show, Florence Foresti s’essaie à la série, parvenant à adapter son humour à des carcans spécifiques, ou plutôt à plier ce nouveau format pour le faire sien et exorciser ses peurs, ses douleurs de quarantenaire. Dans Désordres, elle raconte ainsi un moment de 2017, son quotidien vrai-faux d’alors et, en filigrane, celui de ses amies, divorcées et mères célibataires, quoique (presque) libres une semaine sur deux – le manque de leurs enfants, les attirances incompatibles, les verres en terrasse et les angoisses qui reviennent, combattues à coups de boîte d’anti-dépresseurs scrutées mais pas toujours entamées, jusqu’à ce que ce soit l’AVC, croit-elle. Florence Foresti se meut non sur les planches mais dans le décor de son existence, dans les rues parisiennes vues depuis son pot de yaourt antique mais charmant, dans les salles de réception, habillée en mariée et dans son appartement sans wifi. Cette fois, elle n’est pas seule, entourée de fausses amies, humoristes pour certaines qui se glissent dans des rôles écrits sur-mesure, malgré un certain isolement qui lui pèse, vague à l’âme de l’artiste sans inspiration ou d’une femme banale qui va mal.
Dans huit épisodes d’à peine une demi-heure chacun, elle s’ouvre au spectateur, mêlant pathos, vie personnelle et problèmes universels, comme seuls les bons humoristes savent le faire. Parfois amère, Désordres reste profondément drôle, marquée par une honnêteté assumée et touchante, parcourue de confessions, d’anecdotes liées au douloureux accouchement d’un spectacle – ce qui deviendra Épilogue –, mais aussi et surtout de scènes ancrées dans une intimité solitaire et un peu triste malgré la présence rassurante de Bernie, son compagnon canin à toute épreuve. L’humoriste est une femme comme les autres malgré sa célébrité, ce qui lui permet de chasser ses malheurs (vrais et inventés) tout en parlant à chacun de ses spectateurs.
Autofiction et autodérision fusionnent à merveille dans cette dramédie portée par Florence Foresti qui se met donc en scène, n’hésitant pas à tomber parfois dans la parodie pour toucher au plus juste, au plus profond à d’autres moments, quoiqu’elle avoue ne rien avoir révélé de très personnel ici en-dehors de ses démons – et c’est déjà beaucoup.
De : Florence Foresti,
Avec : Florence Foresti, Béatrice Facquer, Anouk Féral, Laetitia Vercken, Luc Antoni
Année : 2022
Nombre d’épisodes : 8
Durée moyenne : 30 minutes
A voir sur Canal +
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Ton retour est vraiment chouette et donne envie. Florence Foresti à un côté Muriel Robin que j’aime beaucoup 😉
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Ah franchement fonce ! Je viens aussi de regarder Épilogue, le spectacle dont on entrevoit la naissance ici, et ça fait du bien de rire autant.
Je préfère Florence Foresti à Muriel Robin mais c’est une humoriste que j’aime beaucoup en tout cas 🙂
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Un série qui me fait envie, mais je n’ai pas Canal +. tant pis, elle finira bien par passer sur d’autres plateformes !
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Je crois que les deux premiers épisodes sont accessibles à tous, sans abonnement ! Ce sera déjà ça de pris 😉
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J’aime beaucoup 🙂 on sent poindre la tristesse derrière le rire un peu jaune … et puis le chien … « je suis la seule paire de … cette baraque et je compte bien le rester… »😄😄😄😄
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Ah le chien, il est extra, nous sommes d’accord ! Je te rejoins aussi sur l’équilibre entre émotion et humour qui est parfait, le dernier parvenant à amoindrir la tristesse.
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Si bien dit! Une série qui fait du bien et qui ne ment pas…
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Oh merci ! C’est tout à fait ça 🙂
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