Été après été gravite autour d’un amour impossible entre deux héros, de retrouvailles attendues et rituelles, promises d’un an à l’autre et prolongées décennie après décennie, hommage à ce « même heure, l’année prochaine » auquel Robert Mulligan dédiait un film en 1978. Malgré tout, la voix d’autres personnages se greffe ici et là à la narration, leur point de vue éclairant différemment la société américaine, mais aussi le duo central – Mallory et Jake. Tous deux se rencontrent à la fin de leurs études grâce à une connaissance commune et décident ainsi de mettre leur vie entre parenthèses chaque premier week-end de septembre, comme un hommage à ces quelques jours magiques de leurs vingt ans. Mallory, après avoir grandi à Baltimore, territoire d’Anne Tyler dont elle dévore les livres, vit à Nantucket, île au soleil perçant, paradis des touristes l’été mais véritable océan de tranquillité une fois la Fête du Travail passée (le 1er septembre aux États-Unis). Jake habite à Washington, en couple avec la même femme depuis le lycée. L’amour incandescent qui le lie à Mallory pourrait-il avoir un avenir si le quotidien s’invitait dans l’équation ? C’est la question centrale de ce mélodrame qui, en cela, rappelle vaguement Isabelle, l’après-midi de Douglas Kennedy. Mieux vaut se réserver le meilleur, le bonheur et la santé, le homard et l’océan, oublier la lassitude des jours mornes d’octobre, le ciel gris de novembre et ne se sourire qu’une fois par an, éclairés par la lueur des bougies.
Elin Hilderbrandt, pour son vingt-sixième livre, retourne donc encore une fois sur cette île de l’Atlantique, au large de la côte est, nous offrant des vacances de papier. Cette fois, pas d’histoires de famille, ni même de cliché des 1970s, mais toujours cette langueur entre vagues et ciel infini qui était déjà la marque d’Un été à Nantucket, son précédent roman. La chronologie est ici particulière et progresse d’ellipses en ellipses, de grandes vacances en grandes vacances, s’appesantissant pourtant parfois sur le reste de l’année, le lent écoulement des jours entre deux rendez-vous rituels. Ainsi, Été après été balaye trente ans de la vie de ses personnages, entre jeunesse, grossesses, aventures, désillusions, amitiés gâchées, deuils, maladie et tracas routiniers, mais aussi trente ans d’histoire récente, de 1993 à 2020, même si le cadre temporel bouge si vite qu’il ne permet que d’avoir un aperçu de la société américaine, un bond après l’autre. C’est bel et bien la vie amoureuse des deux protagonistes mais aussi celle des personnages secondaires qui sont au cœur du récit, en faisant une douceur estivale à l’arrière-goût âpre qui se lit facilement mais se savoure aussi, entre mer et soleil.
Merci aux éditions Les Escales ainsi qu’à NetGalley pour cette lecture.
Elin Hilderbrand – Été après été
[28 Summers – traduit par Alice Delarbre]
Les Escales
2 juin 2022
512 pages
23 euros
Ils/elles en parlent aussi : Un jour à l’ouest. Culture vsnews. Orlane & books. Aude bouquine. Les livres d’Ève. Valmyvoyou lit. Books moods, and more. Carolivre. Les lectures de Maman nature
Merci à toi pour le partage.🤩😘
J’aimeAimé par 1 personne
Toujours un plaisir 😘
J’aimeAimé par 1 personne
😘
J’aimeAimé par 1 personne
Ping : « Été après été » de Elin Hilderbrand – "Les livres d'Eve"
Ping : 10 romans à lire en cet été 2022 – Pamolico – critiques romans, cinéma, séries
tentant et la photographie de couverture est belle
J’aimeAimé par 1 personne
C’est vrai ! C’est un mélodrame avec un peu de fond, une lecture parfaite pour l’été.
J’aimeJ’aime
j’ai hésité à cause du retard que j’ai accumulé mais j’ai plutôt aimé « Un été à Nantucket » alors je vais tenter ma chance 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Ah c’est drôle il me semblait que tu avais été déçue par l’absence de davantage de marqueurs temporels, d’une vraie ambiance (alors que j’avais noté leur présence justement)… mais je te conseille celui-ci, surtout si tu as du mal à te plonger dans un livre en ce moment. Ça se lit très bien !
J’aimeJ’aime
j’avais été déçue par le côté un peu trop superficiel, mais vu le contexte, celui-ci devrait m’apporter un peu de dépaysement, sans trop de réflexion …J’ai encore du mal avec certains thèmes (je termine « Le jour où le monde a tourné » et je rame encore avec « L’ours et le philosophe » 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Sans trop de réflexion mais avec un peu de fond néanmoins donc oui, je pense que le choix est judicieux 🙂 ah oui Le jour où le monde a tourné est un peu exigeant quand même ! Enfin disons qu’il faut vraiment être à ce qu’on lit.
J’aimeAimé par 1 personne
Un livre qui devrait énormément me plaire…. Merci.. Bon week-end.
J’aimeAimé par 1 personne
Avec plaisir 🙂 bon week-end également !
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai commencé à le lire, ça me plait.
J’aimeAimé par 1 personne
Ah super ! Bonne lecture alors.
J’aimeAimé par 1 personne