Narré par Almy, Les jours sombres superpose présent et passé, calques d’aujourd’hui sur peintures d’hier. L’homme blanc qu’est aujourd’hui ce protagoniste revient sur son enfance et son adolescence, bercés par les contes de sa mère et ceux de son père, entre étendue du ciel et infini de la mer, entre le vert des feuilles et le bleu des vagues qui se fondent dans l’azur. Il n’en dit que peu finalement sur le caractère de ceux parmi il a grandi et préfère évoquer l’écrin émeraude où nichait leur maison. Avec ses phrases poétiques et étonnamment courtes, Almy et, à travers lui Gregory Brown, évoquent les jours qui s’assombrissent et laissent place à la nuit, les aurores et les crépuscules, les tempêtes de neige et de fleurs. Dans l’ombre de l’arbre aux pommes fantômes, Almy et ses deux frères observent les rancœurs s’accentuer, sur fond de tensions raciales et écologiques. Les Indiens Penobscots à qui la terre du Maine a été volée des siècles plus tôt veulent que la forêt reprenne ses droits, que les légendes et les arbres poussent à nouveau là où, avant l’incendie, se dressait une usine de papier qui a putréfié les âmes, la rivière cœur de ce monde et la forêt.
Bientôt l’histoire de la famille d’Almy fraye avec celle d’un foyer voisin et rival, adoucie par la présence brute et presque innocente d’un père amérindien et de sa fille. Les personnalités des héros sont tout juste effleurées, esquissées, l’auteur n’osant peut-être pas encore marquer davantage les caractères. Il préfère les frotter les uns aux autres et créer un tableau céleste d’une nature qui disparaît.
Gregory Brown écrit la nature avec une infinie délicatesse, une poésie empreinte de l’opale des feuilles et du saphir de l’eau. Malgré quelques incohérences et maladresses, son premier roman est une promesse de beauté violente et sans concession, un instantané du monde dans ses couleurs les plus crues et les plus pures.
Merci aux éditions Gallmeister qui en contribuant à enrichir aVoir aLire ont également contribué à enrichir Pamolico.
Gregory Brown – Les jours sombres
[The Lowering Days – traduit par Juliane Nivelt]
Gallmeister
5 mai 2022
336 pages
23,70 euros
Ils/elles en parlent aussi : Julie à mi mots
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Ta chronique est magnifique ! Je note ce livre dans ma PAL Babelio. Passe une excellente semaine Cécile 😊✨
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Merci beaucoup !
Bonne semaine à toi aussi Fred 😊
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Merci Cécile pour cette belle idée de lecture 🙏
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Avec plaisir !
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Quelle belle critique ! J’ai bien envie de découvrir ce roman…
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Merci ! J’ai regretté que les personnages n’aient pas plus de profondeur mais le rapport à la nature et aux mythes penobscots est intéressant et souligné par une belle plume 🙂
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