Noir sur Blanc, Christophe Narbonne

Dans Noir sur Blanc, Christophe Narbonne recrée les années 1980, leur panorama filmique, leur bande-son. Il donne naissance à Pascal, un adolescent renfermé et renfrogné qui, au contact d’un groupe d’amis à la peau sombre, tombe bientôt amoureux des icônes de la culture noire, des chanteurs d’Earth, Wind and Fire à Eddie Murphy en passant par Carl Lewis ou Yannick Noah. Ce livre court narré à la première personne joue avec tous les ressorts du roman d’apprentissage, met en scène une famille dysfonctionnelle et un garçon qui essaie de grandir, malmené par ses hormones, doutant de l’affection de ses parents, aux prises avec sa timidité jusqu’à côtoyer Alex et sa bande. Le style sans fard donne l’illusion d’une plongée dans l’intériorité – basique, après tout c’est un adolescent – de ce héros curieusement attachant. Les jeux de mots faciles et le manque de finesse de la plume, souvent crue, sont ainsi compensés par l’atmosphère résolument rétro : Noir sur Blanc est avant tout le cliché d’une époque, du septennat de Mitterrand, peuplé de coups de soleil, de celluloïd, de cassettes VHS et de vinyles.

Le roman a à cœur de présenter le point de vue d’un Blanc attiré par les Noirs mais aussi par les émigrés, par la désinvolture assurée de ceux qu’il fréquente et par leurs références qu’il juge si supérieures à Michel Sardou, Bébel ou The Police, cités en passant – un garçon qui se cherche des modèles et titube, différent de ceux qui incarnent ce à quoi il aspire. Malgré tout, cet aspect du livre, pourtant mis en avant par son titre, n’apparaît que comme secondaire jusqu’aux dernières pages, peut-être ainsi trop décalées par rapport au reste de Noir sur Blanc, davantage focalisé sur l’adolescence de Pascal et sur les soucis inhérents à cet âge ingrat que sur un ressentiment ou une jalousie franchement marqué.  

Merci à Christophe Narbonne pour l’envoi de son roman.

Christophe Narbonne – Noir sur Blanc
Editions Assyelle
Janvier 2022
144 pages
14 euros