Les heures suspendues selon Hopper, Catherine Guennec

Les ateliers Henry Dougier ont créé une collection particulière, des « romans de chefs d’œuvre » qui se bâtissent à partir de tableaux de grands artistes d’hier. Edward Hopper, le maître de ces heures suspendues, entre calme et tempête, rayons de soleil et éclats de lune, est ici raconté par sa femme, Joséphine Hopper. Catherine Guennec se glisse dans l’esprit de cette femme mal-aimée, amère, dont les tableaux n’ont jamais été exposés. Elle évoque certaines toiles du peintre, relate par paragraphes courts et éclatés des bribes de vie, les tensions maritales, la jalousie, la rancœur, les amours d’Hopper, francophile, passionné de théâtre, solitaire et sourd. Cape Cod Evening, qui est « le chef d’œuvre » prétexte à ce roman, n’apparaît qu’en filigrane, des détails de la toile permettant à l’autrice d’évoquer des pans de l’existence du couple.

Si Catherine Guennec parvient ici et là à parer ses mots d’une certaine poésie, d’une ambiance à la Hopper, sa plume et la narration à la première personne recouvrent d’un vernis d’artificialité Les heures suspendues. Points de suspension et phrases exclamatives sont trop nombreux, empèsent ce livre qui hésite entre le roman et le document, fait finalement le pari de la fiction, en témoignent cette nonchalance décontractée qui sonne faux, cette familiarité contrefaite. En outre, l’autrice voulant éviter de nombreuses notes de bas de page, certaines expressions entre guillemets se perdent dans les nuées, sans que le lecteur ne sache vraiment si elles ont une quelconque source.

Ainsi, malgré la richesse biographique et la pertinence de certains détails, Les heures suspendues selon Hopper ne tient pas ses promesses, ne relate aucunement l’histoire de Cape Cod Evening et s’englue dans un style décevant.

Merci aux Ateliers Henry Dougier pour cette lecture.

Catherine Guennec – Les heures suspendues selon Hopper
Ateliers Henry Dougier
Avril 2021
128 pages
12,90 euros

12 réflexions sur “Les heures suspendues selon Hopper, Catherine Guennec

    1. Ma mère n’a pas été dérangée par cette familiarité artificielle de la première personne, et elle s’est laissée séduire par la richesse informationnelle… Peut-être que ce n’est que moi !
      Sans doute serais-je plus séduite par un autre livre de cette collection, les auteurs étant chaque fois différents 🙂

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    1. Moi aussi, j’aime beaucoup ses toiles et les histoires qui se devinent derrière chacune.
      Ici l’image qui est donnée de sa femme est celle de quelqu’un de très amère, à la langue familière et admirant son époux malgré le ressentiment. Que ce soit le ton, le style ou le parti-pris, tout m’a gênée tant elle apparaît comme une triste figure… mais j’ai appris des choses 🙂

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    1. Je trouve aussi que faire découvrir un tableau via un roman est une très bonne idée même si, ici, le parti pris n’est pas totalement respecté puisque Cap Code Evening n’est qu’un prétexte pour retracer la vie du peintre.
      Comme je l’écrivais à Matatoune, peut-être que les autres livres de cette collection n’ont pas à pâtir d’une première personne aussi familière et amère (sans doute superficiellement et exagérément).

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